Faire le procès du nouveau gouvernement dont certains ministres n’ont sans doute pas fini de constituer leur cabinet, relève de la mauvaise foi. Toujours est-il que les signaux envoyés en début de mandat sont à considérer puisqu’ils préfigurent parfois les bons points d’une mandature.
Pour bon nombre de chefs d’entreprises technologiques, Aziz Akhannouch a eu le mérite de créer le nouveau ministère chargé de la Transition numérique et de la Réforme administrative. De surcroît, le département est dirigé par une experte en la personne de Ghita Mezzour. La création du nouveau ministère a été accueillie favorablement auprès de certains professionnels, convaincus que le secteur des IT est de nature à hâter l’émergence du Royaume.
Pour peu que l’on s’intéresse aux principales orientations nationales, il est assez facile de s’apercevoir que le nouveau modèle de développement érige le numérique en priorité. Le secteur fait partie des cinq leviers importants pour l’amorçage du modèle et l’accompagnement de sa mise en œuvre (Voir rapport). Au-delà de cette donne, la principale question qui se pose est de savoir si le Maroc a posé des mécanismes lui permettant de garantir sa souveraineté numérique. Sachant que le sujet remet en selle les débats relatifs aux enjeux de cybercriminalité, l’e-gov, la protection des données personnelles et l’innovation des start-up et des entreprises.
«Le PLF 2022 ne contient aucune disposition concrète en faveur des start-up ou des entreprises technologiques, lesquelles constituent avec l’Etat, les principaux acteurs de la souveraineté numérique, devenue une nécessité et non un luxe», s’étonne Ahmed Elazraq, patron de l’entreprise technologique GTEL.
Et d’ajouter : «Le secteur numérique s’accapare une part marginale des investissements massifs du secteur public qui devraient atteindre un total de 245 Mds de DH en 2022». Notre interlocuteur est formel, la souveraineté numérique passe entre autres, par des investissements massifs du secteur public qui doit faire confiance aux entreprises locales. «Les besoins d’investissements en matière d’e-gov, de stockage et de traitement de la data, de lutte contre la cybercriminalité ou de protection des données personnelles restent encore importants dans notre pays», conclut l’expert.
M.D