Le Royaume va bientôt signer son premier contrat d’achat de gaz naturel sur le marché international.
Au-delà des actions ponctuelles, l’enjeu à long terme est d’assurer sa sécurité énergétique.
Par D. William
L’Algérie a lamentablement raté son pari d’asphyxier l’économie marocaine, voire de la mettre à genou. C’est ce que voulait en effet le pouvoir algérien en décidant unilatéralement la fermeture, en octobre dernier, du gazoduc Maghreb-Europe (GME). Sauf que, comme le confirme la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, cette décision n’a eu aucun impact sur la production de l’électricité au Maroc, et n’a provoqué aucune pénurie ou manque en matière de satisfaction des besoins du Maroc en électricité. Et parallèlement, le Royaume, qui importe de l’étranger environ 90% de ses besoins énergétiques, a su promptement réagir.
Plusieurs consultations ont été ainsi lancées avec des acteurs régionaux et internationaux afin de mettre en place un système pérenne et efficace pour la gestion des approvisionnements nationaux en gaz naturel. Et selon Benali, il y a deux sources pour approvisionner le marché national en gaz naturel : la première est liée à la production nationale, alors que la seconde concernait le gaz naturel fourni par le GME, et qui était utilisé exclusivement dans la production d'électricité dans la centrale de Tahaddart, près de Tanger, et la centrale d'Ain Beni Mathar, dans la province de l'Est. C’est dans cette optique que le Maroc a effectué sa première sortie sur le marché international du gaz.
En avril dernier, Benali annonçait qu’un appel d’offres restreint a été lancé pour la fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL), lequel pourrait par la suite être regazéifié en Espagne. Ces contrats d’approvisionnement vont permettre justement de relancer les deux centrales à cycles combinés de Tahaddart et Ain Beni Mathar, à l’arrêt depuis la fermeture du GME.
Le Royaume a ainsi «reçu des dizaines d’offres qui ont été examinées par une commission ad hoc, et va signer un premier contrat d’achat dans le courant de cette semaine», informe Benali, qui s’exprimait lundi dernier au Parlement. Ces offres ont fait l’objet d’une procédure accélérée et minutieuse d’examen et de négociation avec des compagnies internationales, qui a été menée par une commission spéciale créée à cette fin, poursuit-elle. Parallèlement, un plan d’urgence a été mis en place pour assurer l’approvisionnement en électricité, qui nécessite un demi milliard de m3 en gaz naturel par an.
Sécurité énergétique
Au-delà des actions ponctuelles menées pour assurer les besoins énergétiques du pays, dans un contexte international défavorable marqué par la guerre russoukrainienne, le Maroc développe une stratégie beaucoup plus globale pour garantir sa sécurité énergétique. Et ce, à travers la multiplication des partenariats, la diversification des sources d’approvisionnement, la densification des investissements dans les infrastructures… La mise en place d'un nouveau mode de gestion du stock de réserve dans le cadre du partenariat public-privé s’inscrit dans cette veine, tout comme les programmes à développer par les opérateurs privés en vue de réaliser une capacité globale de stockage des produits pétroliers de quelque 777.000 m3 pour un investissement de 2,7 milliards de dirhams à l'horizon 2023.
De même, le Maroc ambitionne d’ériger une infrastructure gazière forte qui comprendra des gazoducs, des ports et des unités de stockage et de regazéification. Objectif : garantir une énergie compétitive au secteur de l’électricité et au secteur industriel, lequel a du mal à accéder au gaz naturel. Dans sa quête de souveraineté économique (alimentaire, énergétique, sanitaire…), le défi de la souveraineté énergétique du Maroc reste sans aucun doute de loin le plus important. Surtout au regard de l’impact sur les finances publiques de la dépendance du Maroc de l’extérieur.
Durant les quatre premiers mois de l’année, la facture énergétique a plus que doublé pour se situer à 43,79 Mds de DH. Cette évolution fait suite, essentiellement, à la hausse des approvisionnements en gas-oils et fuel-oils (+12,14 Mds de DH), due à l’élévation des prix qui ont presque doublé (8.833 DH/T contre 4.490 DH/T), explique l’Office des changes, qui souligne qu’en parallèle, les quantités importées ont enregistré une hausse de 15,8%.