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Tourisme: Le Maroc en mode rattrapage intensif

Tourisme: Le Maroc en mode rattrapage intensif

Au terme des huit premiers mois de 2022, les recettes touristiques ont atteint 52,2 milliards de dirhams, enregistrant un taux de récupération par rapport à leur niveau antérieur à la crise de 99%.

Renforcement des capacités litières, multiplication des connectivités aériennes et maritimes, intensification des campagnes de promotion sont autant de leviers à activer pour faire franchir au secteur un nouveau palier.

 

Par D. William

Le Maroc a entamé une course contre la montre pour se repositionner parmi les destinations touristiques phares internationales. Il faut dire que le Royaume a quelque peu raté la reprise post-pandémie en raison de la persistance de certaines restrictions sanitaires, au moment où des pays comme la Turquie (recettes touristiques en hausse de +103% en 2021 par rapport à 2020) ont pris le large pour voir leurs recettes touristiques littéralement exploser. Pour rattraper son retard, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) multiplie ses efforts de promotion.

Dernière action en date : la préparation des professionnels au World Travel Market (WTM) qui se tiendra du 7 au 9 novembre courant à Londres. En partenariat avec la Confédération nationale du tourisme, un workshop «Task force British market» a été tenu en fin de semaine dernière afin d’outiller l’ensemble des opérateurs marocains du tourisme pour que leurs actions commerciales et de prospection sur ce marché soient efficientes. 

Cette initiative a été précédée, deux semaines auparavant par une grosse opération séduction lors du Congrès annuel de l’Association des agents de voyages britanniques –ABTA, tenu à Marrakech, et qui a connu la participation de plus de 500 membres, dont les plus importants prescripteurs de voyages britanniques. «Pour le tourisme marocain, c'est une grande opportunité de recevoir les décideurs et les prescripteurs de l'industrie touristique du Royaume Uni. Pour nous, le marché britannique est une priorité. Et depuis la reprise des vols en février dernier, les chiffres montrent que nous sommes revenus à 70% des performances de 2019», a affirmé à cette occasion Adel El Fakir, DG de l'ONMT, précisant que 600.000 touristes britanniques ont été accueillis en 2019 pour un total de 2,2 millions de nuitées.

Plus globalement, le secteur touristique national n’a pas encore retrouvé ses performances d’avant-pandémie, même si l’activité a enregistré des progressions notables à la faveur notamment de la bonne tenue de la demande et de la suppression des restrictions sanitaires à l’entrée du Royaume, en vigueur à partir du 30 septembre 2022. Selon les données de la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la valeur ajoutée du secteur touristique s’est raffermie de 50,3% au T2-2022, après une hausse de 25,3% au T1- 2022. En moyenne, la valeur ajoutée du secteur s’est améliorée de 37,8% au terme du premier semestre 2022, après +29,3% un an auparavant.

«Comparée à son niveau d’avant-crise (année de référence 2019), le recul de la valeur ajoutée du secteur s’est atténué à -24,2% au T2-2022, après -35,7% au T1-2022 et -49,6% au T2-2021, soit en moyenne -29,9% à fin juin 2022, au lieu de -49,1% l’année précédente», indique la DEPF. Cette dynamique s’est poursuivie au troisième trimestre 2022, avec des recettes touristiques en progression de 38,8% au cours du mois d’août et de 15,6% au cours du mois de juillet 2022, soit un raffermissement de 29,1% lors de ces deux mois par rapport aux mêmes mois de 2019.

De fait, près de 93% des recettes touristiques enregistrées au cours du troisième trimestre 2019 ont été récupérées durant les deux premiers mois du troisième trimestre 2022 uniquement. Et au terme des huit premiers mois de 2022, les recettes touristiques ont atteint 52,2 milliards de dirhams, soit une augmentation de 155,9% en une année, après -17,1% un an plus tôt, enregistrant un taux de récupération par rapport à leur niveau antérieur à la crise de 99%, après 39% un an auparavant. Concernant les arrivées touristiques, elles ont atteint 3,2 millions d’arrivées au cours des mois de juin et de juillet 2022, soit quasiment le même niveau que la même période de l’année 2019.

Au terme du premier semestre 2022, le nombre des arrivées s’est établi à 3,4 millions de touristes et celui des nuitées réalisées dans les établissements d’hébergement classés à 6,2 millions de nuitées, en progression respectivement de 303,4% et 128,9% par rapport à fin juin 2021. Comparés à leur niveau pré-crise (fin juin 2019), les arrivées et les nuitées ont représenté respectivement 63% et 54%, incorporant un taux de récupération au T2-2022 de 88% pour les arrivées et de 70% pour les nuitées.

 

Vision à long terme

Au-delà des actions ponctuelles qui visent à faire face à la conjoncture actuelle, le secteur touristique doit plutôt s’inscrire dans une vision long-termiste, dans un souci de résilience par rapport aux chocs externes. La crise sanitaire liée au Covid-19 doit, à ce titre, servir de marqueur pour mettre en place une stratégie qui va permettre au secteur, qui contribue à hauteur de 7% au PIB et pourvoit 750.000 emplois directs et plus de 2 millions d’emplois indirects, de franchir un nouveau palier, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. C’est ce nouveau palier qui pourra permettre de passer le cap des 10 millions de touristes enregistrés en 2022, pour espérer atteindre le chiffre ambitieux de 26 millions de touristes en 2030 visé par la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor. Cela passera entre autres par le renforcement de l’offre touristique nationale, notamment en termes de capacité. Ainsi, pour la période 2023- 2025, la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT) prévoit une enveloppe globale d’investissement (hors programme Forsa et appui aux établissements d'hébergement touristique – EHT) de 2,2 Mds de DH, dont 635 MDH en 2023, 750 MDH en 2024 et 815 MDH en 2025. Par ailleurs, les investissements prévisionnels au titre de 2022 se chiffrent à plus de 2,26 Mds de DH. Ils concernent l'appui de l'Etat pour la mise à niveau des EHT (597 MDH), le financement de l'opérationnalisation du programme «Forsa» (1,2 Md de DH), l'ingénierie et l'influence (27 MDH), le développement du foncier (60,2 MDH) et l'investissement dans le développement du produit touristique (produit culture, nature, balnéaire et le soutien à la TPE/ PME touristique) pour un montant de 338,39 MDH. Outre le renforcement des capacités à travers de nouveaux investissements touristiques, il faudra multiplier les connectivités aériennes et maritimes, tout en intensifiant les opérations de promotion auprès des marchés classiques et de nouveaux marchés émergents. Dans ce sens, le programme d’investissement prévisionnel de l’ONMT au titre de 2022 totalise 784 MDH, dont les engagements serviront à l’exécution de la stratégie de relance de l’activité. «A fin juin 2022, les investissements réalisés en termes de paiement, y compris les crédits de report, ont atteint un montant de 247 MDH, alors que les prévisions de clôture tablent sur un montant de 519 MDH», indique le rapport sur les EEP accompagnant le projet de Loi de Finances 2023. Qui précise que les projections triennales en termes d’investissement sont arrêtées à 792 MDH en 2023, 800 MDH en 2024 et 805 MDH en 2025. ◆

 

Le statut des guides touristiques en question
Fatim-Zahra Ammor, qui présentait lundi à Rabat le projet du budget du ministère du Tourisme, de l'Artisanat et de l'Economie sociale et solidaire devant la Commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants, dans le cadre du PLF 2023, a parallèlement présenté le projet de loi n°19-22 modifiant la loi 5-12 réglementant la profession de guide de tourisme. Parmi les dispositions les plus importantes prévues par la loi n°05.12, figure en effet la fixation d'une période de deux ans comme phase transitoire pendant laquelle le statut des personnes ayant des compétences de terrain sera réglé sans l'exigence de formation. Ce délai susvisé a été prorogé par la loi n°93.18, en modifiant la loi n°05.12, de deux à six ans, qui a pris fin le 7 mars 2022, souligne la ministre. Cependant, la situation épidémiologique et les conséquences économiques de la Covid-19 ont eu des répercussions négatives sur le secteur du tourisme, en général, et sur la profession de guide touristique, en particulier, ajoute-t-elle. C’est pourquoi, précise-t-elle, la modification proposée dans le projet de loi permettra de prolonger la période transitoire précitée de deux à huit ans, qui arrivera à son terme le 7 mars 2024. Elle permettra de régulariser la situation des personnes ne répondant pas à l'exigence de formation, mais disposant de compétences de terrain en donnant à l'Administration un délai supplémentaire pour qu'elle puisse organiser l'examen professionnel dans les meilleures conditions, compte tenu des enjeux liés à la profession et le retour progressif de l'activité touristique au Maroc.

 

 

 

 

 

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