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Tourisme : «Les leviers à actionner ne sont plus des choix stratégiques, mais des impératifs»

Tourisme : «Les leviers à actionner ne sont plus des choix stratégiques, mais des impératifs»

Le Maroc s’affirme de plus en plus comme une destination d’investissement de premier plan dans le secteur touristique. Selon le rapport «Investir au Maroc» d’ONU tourisme, le Royaume attire près de 35 milliards de DH d’IDE par an, soit 3 fois plus qu’il y a dix ans. Cette dynamique devrait se renforcer davantage à l’approche du Mondial 2030. Entretien avec Mohamed Saïd Tahiri, opérateur et expert en tourisme.

 

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Le rapport «Investir au Maroc» d’ONU tourisme met en avant la forte progression des IDE et des recettes touristiques. Quels sont les principaux facteurs ayant contribué à cette dynamique, et comment ces tendances peuventelles influencer la stratégie touristique du pays à l’horizon 2030 ?

Mohamed Saïd Tahiri : C’est un rapport qui consacre le Maroc comme une destination privilégiée pour les investisseurs dans le secteur du tourisme avec une moyenne annuelle de près de 35 milliards de DH, soit 3 fois plus que ce qu’on faisait il y a 10 ans. Notre pays peut se targuer de plusieurs atouts qui jouent en sa faveur :

• Une position géographique stratégique à 3 heures de vol des principales capitales européennes, dans un bassin méditerranéen qui comprend plus d’un demi-milliard de voyageurs potentiels.

• Une économie résiliente et une politique volontariste en faveur des investissements directs étrangers et, surtout, une stabilité politique et économique qui rassure les investisseurs.

• Des infrastructures de qualité, notamment les aéroports modernisés dont la capacité de passagers doit doubler d’ici 2030, des autoroutes et des ports qui facilitent l’accès et la connectivité du pays.

• Une offre diversifiée et authentique, combinant tourisme balnéaire, culturel, écologique et sportif ainsi qu’une montée en gamme du secteur, avec l’essor du luxe, des résidences touristiques et des expériences premium adaptées aux nouvelles attentes des voyageurs à l’horizon 2030.

• Une prise de conscience de la nécessité d’une montée en gamme, une plus grande digitalisation et l’intégration des critères de durabilité dans les projets touristiques et le renforcement des synergies entre tourisme, investissement et développement territorial.

Cet engagement a donné lieu à des incitations fiscales et réglementaires importantes, notamment la Charte de l’investissement, des offres étudiées d’accompagnement de PME-TPE favorisant l’implantation d’investisseurs dans le secteur hôtelier et touristique.

 

F.N.H. : Quels leviers le Maroc peut-il activer pour renforcer encore son attractivité auprès des investisseurs et structurer durablement son offre touristique ?

M. S. T. : Le Maroc doit actionner plusieurs leviers pour renforcer son attractivité. D’abord, faciliter l’investissement en simplifiant les procédures administratives et en renforçant des partenariats public-privé (PPP) pour accélérer les projets touristiques. Il faut également s’inscrire dans une dynamique de durabilité en encourageant le développement d’hébergements écoresponsables et innovants, en intégrant des critères de durabilité dans les investissements hôteliers et touristiques, en valorisant les écolodges, les riads et les concepts immersifs.

Notre pays doit aussi se distinguer en misant sur les niches porteuses : bien-être, gastronomie, aventure ou encore tourisme médical, qui attirent une clientèle à forte valeur ajoutée. Par ailleurs, nous sommes convaincus que notre véritable richesse est celle des femmes et des hommes qui font le succès de notre destination. Il faut donc renforcer la formation et l’excellence du service aux standards internationaux pour assurer une main-d’œuvre qualifiée et motivée. Il faut également assurer un équilibre territorial en accompagnant des régions émergentes à devenir de véritables destinations touristiques. Il y a aussi les leviers classiques :

• Développement de la capacité litière : depuis le lancement de la feuille de route 2023-2026, plus de 36.000 nouveaux lits ont été ajoutés, portant le total à plus de 297.000 lits opérationnels.

• Amélioration de la connectivité aérienne : le Maroc a besoin de plus de lignes aériennes, de point à point.

• Et l’utilisation des nouveaux canaux de communication, notamment digitale.

 

F.N.H. : En vue du Mondial 2030, quelles infrastructures devraient être prioritaires pour maximiser l’impact économique et touristique de l’événement, et comment assurer leur rentabilité et leur contribution à long terme au développement du secteur ?

M. S. T. : Le Mondial 2030 est une opportunité unique pour accélérer le développement d’infrastructures stratégiques. Cet événement permettra de moderniser des aéroports et des hubs de transport, l’expansion du réseau ferroviaire, avec l’extension du TGV vers de nouvelles destinations, l’optimisation des infrastructures sportives, en s’assurant qu’elles soient convertibles après l’événement pour des usages multiples, afin d’éviter des investissements sousexploités post-Mondial. Mais il faut surtout garantir la rentabilité de ces infrastructures qui doivent être pensées dans une logique de long terme, en intégrant des stratégies de reconversion après la compétition et considérer cet événement comme une opportunité de lancement pour installer une dynamique vertueuse à plus long terme.

 

F.N.H. : Comment le Maroc peut-il capitaliser sur le Mondial 2030 pour accélérer l’investissement dans le tourisme, tout en mettant en valeur son patrimoine culturel et naturel ?

M. S. T. : Le Mondial 2030 est au fait un catalyseur pour positionner le Maroc comme une destination incontournable sur la scène internationale. Nous avons déjà, en tant que professionnels, commencé à réfléchir à créer des parcours touristiques thématiques autour des matchs, reliant les villes hôtes à des sites touristiques majeurs. Il est tout aussi important d’organiser des événements culturels en parallèle du Mondial, et post-Mondial aussi, (festivals, expositions, circuits immersifs…) pour offrir une expérience de vie inoubliable à nos visiteurs.

 

F.N.H. : La Feuille de route pour le tourisme 2023-2026 définit plusieurs axes stratégiques. Quels leviers vous semblent essentiels pour garantir une croissance durable du secteur, notamment en matière d’innovation, de tourisme durable et d’adaptation aux nouvelles attentes des voyageurs ?

M. S. T. : Ces leviers ne sont plus des choix stratégiques, ils sont fondamentalement nécessaires pour permettre à notre destination de se positionner dans le top 20 des destinations mondiales. Trois axes majeurs doivent être renforcés :

• L’innovation et la digitalisation à travers des plateformes numériques pour améliorer l’expérience client et faciliter la réservation et l’intégration des nouvelles technologies (réalité augmentée et intelligence artificielle) pour enrichir l’offre touristique.

• La durabilité, à travers ses dimensions environnementale, économique et sociale, se traduit par la promotion de destinations écologiques et de circuits respectueux de l’environnement. Il s’agit également de mettre en place des incitations aux investisseurs pour intégrer des normes environnementales dans les infrastructures touristiques et amortir leur coût en assurant une rentabilité acceptable. Et enfin, la sensibilisation des acteurs locaux pour une meilleure gestion des ressources naturelles et culturelles.

• Il faut aussi proposer une offre authentique, diversifiée, mais adaptée aux nouvelles attentes des voyageurs, qui aujourd’hui demandent des séjours expérientiels et immersifs, recherchent l’authenticité et une interaction avec la culture locale. En alignant ces leviers avec une approche territoriale équilibrée, le Maroc pourra non seulement atteindre ses objectifs de croissance, mais aussi s’imposer comme une référence en matière de tourisme durable et innovant.

 

 

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