De nombreuses réalisations ont été enregistrées dans le cadre du programme de «Villes sans bidonvilles» (VSB). L’Etat a déployé de gros moyens pour réussir ce méga-chantier qui a été supervisé par plusieurs gouvernements.
En effet, depuis son lancement en 2004, ce programme a bénéficié à plus de 300.000 familles nécessitant une enveloppe budgétaire de 40 milliards de DH. Il faut dire qu’il a dépassé les objectifs tracés à son lancement, fixés à 270.000 bénéficiaires. Toutefois, il présente de nombreux dysfonctionnements et lacunes.
Différents constats se dégagent. En effet, VSB a réussi dans les petites et moyennes villes mais dans certaines agglomérations, il a rencontré des contraintes majeures. Fatima-Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a affirmé dernièrement au Parlement que «70% du phénomène sont concentrés dans les grandes métropoles, à l’image de Casablanca, Marrakech, Salé, Guercif, Skhirate ou Larache». Elle a souligné que VSB ne relève pas uniquement de son département mais d’autres acteurs et organismes sont concernés.
Dans ce cadre, il est important d’investir une nouvelle approche plus pragmatique en adoptant des solutions plus innovantes afin d’accélérer les différents chantiers.
La société civile et les associations locales ont un rôle important à jouer dans ce sens afin d’encadrer et de conseiller la population.
«Dans certaines zones, VSB a rencontré un succès fulgurant comme c’est le cas de Sidi Moumen à Casablanca. Après les attentats du 16 mai 2003, il y avait une volonté politique pour éradiquer les bidonvilles dans ce quartier où l’on dénombré une forte concentration démographique dépassant les 20.000 habitants. Les conditions de vie de la population étaient très précaires. Il n’y avait pas d’accès à l’eau, à l’électricité et aussi au réseau d’assainissement. Le lieu présentait aussi un fort risque d’insécurité. Cet environnement favorisait la frustration et l’extrémisme. Les associations locales ont travaillé en coordination avec les autorités, notamment le département de l’intérieur, pour assurer un recasement adéquat de la population», souligne Mohamed Rajhi, militant associatif.
Il a ajouté que «d’autres bidonvilles à Casablanca n’ont pas connu le même succès comme le douar Labhar à Aïn Sebaâ qui est parmi les plus anciens de la ville et du Maroc. Même si sa population n’est pas assez nombreuse, les autorités ont trouvé des difficultés pour identifier les bénéficiaires du programme de relogement et aussi pour les recaser».
En effet, le programme VSB s’est heurté à différentes problématiques comme l’extension du périmètre urbain, la croissance démographique et surtout les réseaux composés d’élus locaux et de certains agents d’autorité qui essaient de profiter du programme en incorporant des bénéficiaires qui ne sont pas dûment identifiés. Ceci fait augmenter la population éligible, retarder l’exécution des projets et alourdir leur coût.
Par ailleurs, il est opportun d’investir de nouveaux modes de financement. Actuellement, VSB est financé essentiellement par une taxe sur les matériaux de construction.
Rappelons que la Cour des comptes a dénoncé la politique de l’Etat en matière de lutte contre l’habitat insalubre. Elle a recommandé de lancer des mécanismes pour lutter contre leur prolifération. Il s’agit de renforcer les mécanismes de contrôle et de dissuasion sur le plan juridique et technique et la mise en place d’une communication appropriée pour vulgariser l’offre des aides publiques contre l’habitat insalubre, mettant ainsi un terme à la perception répandue de la garantie d’une rente publique future.
Par Charaf Jaidani