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La méthode Bayrou : Ni oui, ni non

La méthode Bayrou : Ni oui, ni non

François Bayrou, Premier ministre français fraîchement installé, a fait, mardi, sa déclaration de politique générale. Que retenir de cette heure et demie d’intervention ?

Pas grandchose, si ce n’est l’impression d’assister à une manœuvre visant à gagner du temps. Sur la réforme des retraites, par exemple, Bayrou a confié à la Cour des comptes une «mission flash» pour éclairer les partenaires sociaux. Une belle façon de remettre ce dossier explosif entre des mains de techniciens, tout en ménageant la gauche. Mais cette démarche «ni oui, ni non» a surtout déçu tout le monde, des Insoumis aux Républicains, en passant par les écologistes. Il faut dire cependant que François Bayrou n’a pas la tâche facile.

Avec une majorité relative à l’Assemblée, il doit jouer les équilibristes entre une gauche exigeante, une droite sceptique et un Rassemblement national qui fait mine de bouder, mais qui pourrait lui sauver la mise à l’occasion. La motion de censure déposée par La France insoumise, soutenue par les écologistes et les communistes, illustre bien cette instabilité. Le PS hésite encore, pris entre l’envie de censurer un gouvernement qu’il juge inconsistant et la peur de perdre les maigres concessions obtenues.

Et là réside tout le paradoxe : François Bayrou est perçu comme un Premier ministre «du dialogue», mais ce dialogue semble surtout destiné à repousser les décisions difficiles. Même les Républicains, qui ne voteront pas la censure, ont émis des réserves sur la capacité de Bayrou à proposer autre chose que des demi-mesures. L’art du compromis ? Ce qui frappe, c’est la capacité de Bayrou à contenter tout le monde sans satisfaire personne. Sur les retraites, il ouvre la porte à un possible compromis, mais en posant des conditions si restrictives qu’on doute de leur faisabilité.

Sur l’immigration, il promet une fermeté qui reste largement théorique. Sur l’écologie, il affirme que «ce n’est pas le problème, mais la solution», tout en évitant d’annoncer des mesures significatives. Quant au budget, il se contente de rappeler des objectifs déjà connus, comme le retour à un déficit de 3% d’ici 2029, sans expliquer comment il compte y parvenir. Ce flou artistique pourrait être une stratégie calculée, mais il est aussi le reflet d’une réalité politique complexe.

Bayrou sait qu’il ne peut pas se permettre de brusquer une Assemblée fracturée, où chaque vote devient une bataille. Mais à force de vouloir ménager la chèvre et le chou, il risque de finir par perdre les deux. Dans cette atmosphère de mécontentement généralisé, la motion de censure prévue ce jeudi ne devrait pas renverser le gouvernement. Le Rassemblement national, stratégique comme jamais, semble décidé à laisser passer cette occasion, préférant attendre le moment propice pour frapper. François Bayrou, quant à lui, pourra se targuer d’avoir sauvé son siège. Au moins temporairement.

 

Par D. William

 

 

 

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