Comme l’on s’en doutait, le chef de gouvernement nous a gratifiés, lundi devant les parlementaires, d’un monologue durant lequel il n’a fait aucune économie dans les mots pour encenser l’action gouvernementale durant ces deux dernières années.
Le contraire aurait étonné, car l’on se doutait bien que Saad Eddine El Otmani n’allait pas se tirer une balle dans le pied.
Sauf qu’à écouter cette séance d’autocongratulation, l’on se surprend à se dire que nous sommes en face d’un gouvernement composés «d’ouvriers» qui mettent la main dans le cambouis et qui travaillent sans relâche pour le bien de la collectivité.
Ce serait injuste de dire le contraire : oui, nos ministres sont au taquet, parce que leur travail et réalisations sont désormais passés au peigne fin, au nom du principe de corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes.
Oui, ils vont au charbon parce que plane également sur eux la menace de sanctions, comme le Roi en a infligé à plusieurs responsables à une certaine époque.
Même s’il faut reconnaître que certains n’ont guère besoin d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête pour accomplir leurs missions envers la collectivité.
Le gouvernement travaille donc. Mais pour quels résultats ?
El Otmani qualifie le bilan gouvernemental de «riche en réalisations» et s’en réjouit.
Mais ce bilan aurait pu être «très riche», s’il n’y avait pas une déperdition des forces, avec pour corollaire des initiatives sectorielles isolées sans liens les unes avec les autres et un fort déficit de gouvernance.
El Otmani aurait pu se targuer d’un bilan autrement plus reluisant s’il avait pu tenir sa majorité, s’il avait pu en faire un bloc compact au service des intérêts supérieurs de la Nation.
Mais bien souvent, les couleurs et les intérêts partisans ont rejailli sur la coalition, pour en faire une majorité fragile, minée par l’arithmétique politicienne et les guerres d’égo, ce qui a parfois nui à la mise en place de politiques publiques plus globales et plus efficientes.
Mais heureusement que le Roi est là pour taper sur la table et rappeler tout le monde à l’ordre.
Et, surtout, pointer les chantiers stratégiques prioritaires à attaquer, comme la réforme des CRI, de l’enseignement, de l’éducation, de la formation professionnelle…
En deux ans, des avancées ont certes été réalisées.
Mais il ne faut pas s’en glorifier, tant les défis à relever par le Maroc sont nombreux.
Et quand on est à quelques encablures des prochaines législatives, autant mettre les bouchées doubles. N’est-ce pas El Otmani ? ■
D. W.