Après la présentation du rapport annuel de la Cour des comptes au titre des années 2016 et 2017 au Roi, le Premier Président de la Cour des comptes rend public son rapport. Ce rapport annuel rend compte de l’ensemble des activités des juridictions financières dans les domaines relevant de leurs compétences, notamment celles relatives au contrôle de la gestion d’un certain nombre d’organismes publics.
Dans son rapport détaillé, la Cour des comptes fait le diagnostic du système de la fonction publique à travers une analyse concernant 11 départements ministériels en raison de leur "importance en termes de missions et d’effectifs de personnel". Cette analyse a concerné, notamment, les départements de l’Education nationale, la Santé, la Justice, l’Equipement, le transport et la logistique, l’Agriculture, l’Energie et mines, et le Tourisme.
"La gestion prévisionnelle n’est pas encore opérationnalisée"
L'analyse a conclu que les administrations publiques ne disposent généralement pas, à quelques exceptions près, d’une estimation de leurs besoins réels en personnel. "En plus, la rigidité du système est telle que même les ministères qui sont arrivés à évaluer leurs besoins n’ont pas pu enclencher des redéploiements pour pallier les déséquilibres dans la répartition territoriale", lit-on dans le rapport. Aussi, la démarche de la gestion prévisionnelle n’est pas encore opérationnalisée dans la fonction publique, explique la Cour des comptes. "Elle se limite actuellement à la réalisation d’études qui demeurent sans suite". Dans la pratique, la gestion des ressources humaines reste une gestion classique du personnel, et les besoins en ressources humaines demeurent arrêtés de façon approximative.
Par ailleurs, l’évaluation demeure déconnectée de sa finalité et ne permet pas de mesurer la performance réelle de chaque fonctionnaire, ni de distinguer les profils sur cette base. Les résultats de ces évaluations tendent à s’aligner sur les niveaux les plus élevés de la notation à cause de l’absence de critères pertinents d’évaluation et du manque de rigueur dans le processus.
En outre, faute d’un système garantissant une évaluation objective, le système de rémunération demeure lié quasi-exclusivement à l’ancienneté. Ainsi, globalement, les dépenses du personnel sont en évolution continue au moment où les effectifs tendent vers une stabilisation.
Bien que les niveaux de rémunération soient en hausse continue, l’Administration marocaine ne dispose pas encore de données fiables sur l’accomplissement des fonctionnaires de leurs charges réglementaires. A ce titre, les horaires effectifs de travail demeurent largement méconnus dans la plupart des administrations. Il s’agit d’une lacune dans le système de la fonction publique qui fait que le potentiel existant en termes de ressources humaines reste sous optimisé dans son ensemble. Cette lacune appelle des mesures urgentes pour y remédier. À défaut, les efforts visant un meilleur dimensionnement des effectifs resteraient improductifs.
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