Alors que les enseignants-cadres des académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF) sont en pleine grève, le chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani, doit parallèlement gérer un autre front tout aussi délicat, sinon davantage : la fronde suscitée par le projet de loi-cadre relatif à l’enseignement, dont l’un des grands points de discorde reste l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères.
Il crée un profond clivage au sein de la coalition gouvernementale, et même au sein du Parti de la justice et du développement (PJD).
Pourtant, un consensus semble avoir été trouvé il y a quelques jours autour de ce point.
Mais c'était sans compter la sortie virulente de l’ancien chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, qui a appelé les parlementaires du PJD, dans l’un de ses fameux live sur Facebook le 31 mars, à voter contre ce texte.
Il a fini par créer la zizanie, d'autant que cette nouvelle sortie a eu un écho favorable auprès de certains parlementaires de ce parti.
Une situation qui met El Othmani dans une très mauvaise posture, et qui met tout autant en orbite les profondes divergences dans la maison PJD, où le chef de gouvernement semble incapable de fédérer l’opinion autour de lui.
Cela montre, par-delà, le pouvoir de nuisance de Benkirane sur El Othmani.
Un Benkirane pour qui la «francisation» des matières scientifiques est un affront, et qui va même jusqu’à demander à son successeur de démissionner.
Toute cette cacophonie autour de l’utilisation de... «la langue du colonisateur», comme le qualifie Benkirane, prend en otage la loi-cadre relative à l’enseignement.
Bien malin celui qui saura dire comment El Othmani va pouvoir sortir de cette impasse.■