La très controversée réforme des retraites voulue par le président français Emmanuel Macron a finalement été adoptée par le Parlement, lundi soir. Et ce, après deux motions de censure rejetées par l’Assemblée suite au recours du gouvernement à l’article 49.3 pour faire valider, sans vote, ce projet.
Cette réforme entrera donc en vigueur sous réserve d’être validée par le Conseil constitutionnel. Conséquence de tout ce capharnaüm : l’opposition politique est indignée et les Français, notamment les syndicats, sont très en colère, avec l’amère impression d’avoir été spoliés de leurs droits démocratiques.
Depuis plusieurs jours, manifestations et violences se multiplient dans diverses villes françaises pour dire niet à une réforme qui prévoit notamment le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Mais, en réalité, est-ce vraiment cette réforme qui cristallise à elle seule la colère de l’opinion publique ? Pas sûr. L’exaspération des Français semble davantage dirigée contre Macron. Ils en veulent à leur président qu’ils jugent dédaigneux, snob et désinvolte, armé d’une arrogance qui l’éloigne du peuple et de sa réalité quotidienne.
Un président qui enjambe la démocratie à sa guise, quand bien même il utilise un outil constitutionnel (le 49-3). Un président dont la posture jugée méprisante alimente le mécontentement et la contestation populaires. Un président qui use et abuse du «en même temps» au gré de son agenda politique. Bref, un président qui agace. Hier un tant soit peu adulé, incarnant l’espoir d’un renouveau pour la France, Macron gouverne aujourd’hui sous les huées, désavoué au sein de l’hémicycle et raillé par la rue. Sa cote de popularité est actuellement au plus bas. Selon le baromètre mensuel de l’institut de sondage Ifop publié par le Journal du Dimanche (JDD), sa popularité a reculé à 28% en mars, un niveau jamais atteint depuis 2019, au sortir de la crise des «gilets jaunes».
Son discours adressé mercredi à midi aux Français pour pacifier les intelligences rebelles n’a rien changé : il a même renforcé le sentiment d’hostilité à son égard. Avec son ton ambivalent et un brin méprisant, Macron irrite même en dehors de la France. Il a réussi à s’embrouiller avec le Maroc. Il s’est mis à dos l’Algérie. Et il s’est fait désavouer par plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, non sans se faire recadrer tout dernièrement par le président congolais Felix Tshisekedi. Même le couple franco-allemand, qui se fait le porteétendard de l’Europe, vacille. A l’image de la diplomatie française en général. A l’image de cette France qui traverse une crise politique majeure et qui devra s’accommoder de son président… pendant encore 4 ans.