Pour comprendre les racines du conflit armé en Palestine occupée, il faut étudier de près les données sur les réalités des colonies israéliennes qui sont en train d’en finir avec les territoires jadis lieu d’habitat des Palestiniens.
Des terres spoliées, des expropriations, des zones entières allouées, avec un grand renfort de financements israéliens et étrangers, notamment français, pour construire de nouvelles colonies réduisant chaque jour les territoires occupés et obligeant les populations à quitter leurs domiciles et à se réfugier ailleurs, au Liban, en Jordanie et même en Égypte et en Syrie. Analyse.
Les chiffres sont clairs : il y a plus de 475.000 Israéliens résident dans des colonies en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967, où vivent 2,9 millions de Palestiniens. Ils sont également 230.000 à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé depuis 1967 puis annexé par Israël, où résident plus de 360.000 Palestiniens.
En 2022, l’ONG israélienne B’Tselem a recensé plus de 280 colonies et avant-postes israéliens. Ces colonies sont toutes illégales, (en excluant Jérusalem-Est des statistiques), dont 138 étaient officiellement reconnues par le gouvernement israélien.
En mars 2022, selon les Nations unies, le nombre de colons israéliens a dépassé les 710.000 (Jérusalem-Est comprise). Dans ce sens, le taux de croissance de la population des colons a augmenté de 42% par rapport à 2010 et a cru de 222% entre 2000 et 2021.
En 2022, et sur l’année 2021, selon le Palestinian Central Bureau of Statistic, il y a 483 sites occupés, avec plus précisément 151 colonies, 163 avant-postes, 25 avant-postes reconnus comme colonies et 144 autres constructions, telles des bases militaires, par exemple.
Pour l’agence, ces chiffres correspondent à leurs statistiques selon des sources, des définitions et des classements pouvant varier. Par contre, ces données rendent compte de manière claire de la réalité de l’occupation et de la colonisation illégales en vertu du droit international.
Dans ce sens, il faut savoir que la bande de Gaza a abrité des colonies jusqu’en 2005, année lors de laquelle le gouvernement israélien a décidé unilatéralement de les démanteler.
On y comptait avant cette date 21 colonies et plus de 9.000 colons. La plupart sont allés habiter dans les colonies de Cisjordanie occupée.
En décembre 2022, le Conseil de Sécurité des Nations unies a indiqué que 4.800 unités de logement ont été construites en 2022 dans la seule zone C (60% de la Cisjordanie occupée), contre 5.400 en 2021.
En ce qui concerne Jérusalem-Est, les chiffres ont triplé par rapport à l’année dernière (900 unités en 2021 contre environ 3.100 en 2022).
Ailleurs, en zone C, toute construction palestinienne est conditionnée à l’obtention d’un permis de construire attribué par l’administration israélienne occupante.
Selon Peace Now, une organisation israélienne, en 2021, c’est seulement 10 permis de construire pour des unités de logement qui ont été délivrés, contre environ 2.000 chaque année pour les Israéliens dans les colonies.
C’est dire toute la différence, et surtout la volonté de l’État d’Israël de priver les Palestiniens de logements en les octroyant à une grande majorité d’Israéliens.
Abdelhak Najib, écrivain-journaliste