Le gouvernement de Saad Eddine El Othmani (photo) donnait, jusque-là, l’impression d’avoir un chaînon manquant. Un chaînon de taille cependant, qui créait une sorte de vide dans le processus d’ancrage du Maroc dans le continent. Ce que El Othmani n’a donc pas fait lors de la constitution du gouvernement, le Roi l’a corrigé, en décidant notamment la création d’un ministère délégué chargé des Affaires africaines. Cette initiative, et il semble utile de le signaler, est en parfaite cohérence avec la politique marocaine en Afrique impulsée depuis plusieurs années par le Souverain.
Rappelons juste quelques chiffres édifiants : plus de 1.000 entreprises marocaines sont implantées en Afrique. Elles y ont investi sur la période 2008-2015, notamment en Afrique subsaharienne, pas moins de 2,2 milliards de dollars. Par ailleurs, le Souverain a effectué plus de 25 visites dans les pays de la CEDEAO depuis 2001, au cours desquelles plus de 600 accords ont été signés.
Certes, il y avait déjà une Commission mixte pour le secteur public et privé en charge du suivi des accords entre le Maroc et les pays africains. Mais aujourd’hui, à l’évidence, il faut une coordination au plus haut sommet de l’Etat afin de donner une meilleure lisibilité des actions du Royaume sur le continent et, surtout, s’assurer que tous les accords conclus et projets signés dans le cadre des visites royales en Afrique, soient effectivement concrétisés. Invité dans nos locaux en février dernier, Abdou Diop, président de la Commission Afrique de la Confédération générale des entreprises du Maroc, ne disait pas autre chose.
Il nous confiait que la vision royale doit être traduite en une stratégie nationale Afrique intégrée, bien articulée et cohérente, avec des assises annuelles, une évaluation régulière et une coordination au plus haut niveau. «Un ministère de l’Intégration africaine, une instance chargée des Affaires africaines ou encore un Conseiller Afrique au Cabinet royal, pourrait, dans ce cadre, coordonner l’action du Royaume dans le continent», suggérait-il.
Maintenant, c’est chose faite. Et l’on s’en félicite même en dehors des frontières marocaines, notamment en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso où des observateurs ont signifié que cette décision «conforte le Maroc dans sa bonne foi vis-à-vis de l’Afrique».■
D. W.