Sans jeu de mots douteux, le parti de la lampe a sombré dans l’obscurité totale lors de ces législatives 2021. Après une décennie au pouvoir, les islamistes ont subi une cuisante défaite, une déroute qu’il sera difficile d’enterrer dans la trappe de l’histoire politique du PJD. Passer de 125 sièges en 2016 à 13 en 2021 n’est pas, s’il est permis de faire usage du langage boursier, une contreperformance, mais plutôt un véritable krach politique.
Si la défaite était quelque peu pressentie, nul observateur averti de la scène politique marocaine ne pouvait cependant prédire une telle débâcle. La chute des islamistes était pressentie, et ce pour plusieurs raisons. Nous vous en livrons quelques-unes :
• Primo : après dix ans à présider aux destinées du Royaume, le PJD ne peut se targuer d’un bilan économique et social très reluisant, le Maroc étant toujours confronté à un problème de croissance forte, durable et inclusive, ce qui creuse les inégalités.
• Secundo : de la loi-cadre relative au système d’éducation, de formation et de recherche à la loi relative aux usages licites du cannabis, en passant par la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, le PJD a dû faire nombre de compromis décriés au sein même du parti, qui ont été tantôt qualifiés de «trahison» à ses principes fondateurs, tantôt d’«entorses» à ses références idéologiques.
• Tertio : le secrétaire général du PJD et désormais ex-chef du gouvernement, Saad Eddine El Otmani, aura connu une législature difficile, ses propres camarades de parti lui savonnant constamment la route et l’appelant plus d’une fois à la démission.
• Quarto : le parti s’est décrédibilisé et a versé dans le clanisme, avec les soutiens de El Otmani d’un côté, et les partisans de Abdelillah Benkirane, de l’autre.
• Clap de fin : à la veille des législatives, l’union et l’unité qui faisaient la force de cette formation politique et qui l’avaient conduite à deux succès électoraux consécutifs, ont volé en éclats.
Les conséquences de ces querelles politiciennes intestines sont là aujourd’hui : les urnes ont parlé et le verdict est sans appel. Les leaders du PJD ont réussi à éteindre la flamme des votants qui ont cru en eux pendant deux élections successives. Se rallumera-t-elle un jour ? Difficile de le dire, tant le traumatisme est profond.
Par D.William