En fin de compte, il ne s’agirait que d’un match de football où la victoire et l’échec sont deux hypothèses tout à fait plausibles pour les deux équipes, la marocaine et la sud-africaine.
Mais celui qui oppose ce soir les deux pays, dépasse largement le cadre sportif pour déborder sur une compétition politique qui a marqué l’histoire de leurs relations depuis des décennies.
Entre Rabat et Pretoria, une sourde compétition, une froide tension est à l’œuvre depuis des années. Sur le théâtre africain, l’Afrique du Sud a toujours été la caisse de résonance des obsessions algériennes sur le Sahara marocain, un porte-voix des intérêts des séparatistes du Polisario, un des derniers bastions de soutien aux chimères indépendantistes.
Aux Nations unies, l’Afrique du Sud se dresse de tout son poids économique, politique et symbolique contre les intérêts du Maroc, à la grande incompréhension du Maroc qui n’arrive pas à identifier les raisons profondes de cette fixation sud-africaine.
Le Maroc ne rate aucune occasion pour rappeler son positionnement historique dans le soutien à l’iconique et historique leader de l’Afrique du Sud, Nelson Mandela, qui avait passé sa vie en prison pour lutter contre le système de l’apartheid. Rien n’y fait jusqu’à présent. Le régime de Pretoria s’est enfermé dans une logique de défi et d’agressivité à l’égard du Maroc. A chaque occasion, l’Afrique du Sud met sa puissance, son influence et son arsenal diplomatique au service des ennemis du Maroc, pour donner corps aux délires algériens.
Récemment, une violente altercation diplomatique a eu lieu entre Rabat et Pretoria à l’occasion du sommet destiné à accueillir de nouveaux membres dans le groupe de BRICS.
Pour tenter de justifier l’incapacité de l’Afrique du Sud à aider son allié algérien à devenir membre de cette organisation, la diplomatie sud-africaine avait inventé une demande d’adhésion marocaine aux BRICS pour pouvoir justifier un double refus à l’égard de Rabat et d’Alger. Le Maroc avait senti ce grossier piège diplomatique et avait dénoncé en des termes très forts ces élucubrations diplomatiques.
Le Maroc et l’Afrique du Sud sont deux grandes puissances africaines dont les choix politiques, économiques et stratégiques participent à configurer la trajectoire et la destinée de tout un continent. Un des objectifs vitaux de la diplomatie marocaine a toujours été celui de faire tomber le verrou sud-africain qui procure aux adversaires du Maroc un parrainage et une couverture internationale.
Qu’il n’ait pas réussi jusqu’à présent à séduire les hommes de Pretoria et à mettre l’Afrique du Sud de son côté, comme il l’avait fait avec d’autres grandes puissances, est une vérité aujourd’hui qui pourrait ne plus l’être demain.
Le grand chantier diplomatique marocain est de faire en sorte de désarmer les quelques rares soutiens du Polisario à l’international afin de faire en sorte de laisser le régime algérien seul sur la planète en train de hurler sa haine et sa folie jusqu’à extinction naturelle
Lorsque les Marocains regarderont ce déterminant match Maroc/ Afrique du Sud, le challenge sportif sera là, dans la petite lucarne où efficacité, technicité et volontarisme finiront par donner la victoire au vainqueur. Mais la compétition politique entre deux grandes puissances africaines, au soft power bien affirmé, sera elle présente dans la grande image du continent.
Mustapha Tossa