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Maroc-Espagne. Affaire Brahim Ghali : Les dessous des cartes

Maroc-Espagne. Affaire Brahim Ghali : Les dessous des cartes
Par Abdelhak Najib
Ecrivain-Journaliste
 
 
Brahim Ghali, le chef des séparatistes du “Polisario” comparaît devant les juges espagnols, ce mardi 1er juin 2021, pour crimes contre l’humanité, viols, torture et abus sur mineurs. Un chapitre déterminant dans le bras de fer tripartite entre Rabat, Madrid et Alger. 
 
La justice espagnole est sommée de réparer la grossière «bévue» du ministère de l’Intérieur ibérique, qui a «détourné» le regard sur l’entrée clandestine d’un criminel de guerre, demandé, de surcroît, par les juges espagnols pour «crimes contre l’humanité, viols, détournements et abus sur mineurs». 
 
Pire encore, en pleine déroute, le gouvernement espagnol tente une sortie de crise en invoquant des considérations humanitaires pour tenter d’expliquer son attitude à l’égard de l’admission frauduleuse de Brahim Ghali, chef des séparatistes du «polisario».
 
C’est là, une reconnaissance implicite que les autorités étaient bel et bien au courant de l’usurpation de l’identité de l’individu concerné et que son passeport était falsifié, ce qui est considéré comme un crime tel que stipulé par l’alinéa 3 de l’article 451 du Code pénal espagnol. Ceci pour clarifier l’imbroglio des officiels espagnols, pris sur le fait et tombés dans leur propre piège. 
 
La suite, nous la connaissons : montée au créneau de Rabat qui tient le bras de fer avec Madrid et réussit le pari de faire comparaître devant les juges un individu dont le sort doit être scellé par un verdict de «coupable» pour tous les crimes qui lui sont reprochés, avec en prime une liste bien longue d’autres plaintes concernant à la fois des Marocains et des Espagnols, tous victimes d’un même homme, jouissant des largesses de ses bailleurs de fonds algériens, avec la complicité des officiels espagnols, qui préfèrent bafouer leurs propres lois en s’alignant sur la position d’Alger contre la souveraineté reconnue du Maroc sur son Sahara. 
 
Sans oublier de souligner ici le comble de la mauvaise foi politique de Madrid : rappelons-nous qu’en 2012, par exemple, lorsqu’il y a eu la visite au Maroc d’une délégation économique catalane, le gouvernement espagnol a multiplié les sorties pour que cette délégation ne soit pas reçue à haut niveau et pour qu’il y ait, lors de tous les entretiens, une présence du représentant de l’Ambassade d’Espagne à Rabat. Deux poids, deux mesures, pour un pays qui se targue d’être démocratique ne transigeant sur aucune entorse aux accords bilatéraux entre les deux pays en matière de reconnaissance et de respect de leur souveraineté mutuelle.
 
 En attendant le déroulé de l’audience devant les magistrats, les autorités espagnoles doivent aussi dealer avec les fausses-vraies menaces à l’encontre de Brahim Ghali, dont la fin du séjour à l’hôpital se voit émaillée de manifestations de soutien et de crainte d’une éventuelle exfiltration du prévenu vers Alger, ni vu ni connu.
 
Il faut aussi préciser que la situation du gouvernement espagnol est d’autant plus inextricable qu’il se trouve aujourd’hui devant un casse-tête avec sa propre justice, étant donné que Brahim Ghali est considéré comme un immigré clandestin, se trouvant sur le territoire espagnol, avec un faux passeport. Cette situation inédite pour un criminel recherché oblige la justice espagnole à confisquer le faux passeport de l’accusé et de l’expulser comme c’est le cas pour tout immigré, entré illégalement sur le sol espagnol.
 
Mieux encore, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, tout comme l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, ont été très clairs. Pour la diplomatie marocaine, toute sortie du territoire espagnol par le même procédé ayant présidé à son admission (secret, fausse identité, illégalité) ne fera qu’aggraver la situation. Pour Rabat, une telle attitude sera considérée, à juste titre, comme l’escalade de trop qui constituerait un point de rupture dans les relations entre les deux pays. Tout porte à croire que les autorités espagnoles veulent éviter ce point de non-retour en jugeant Brahim Ghali conformément aux lois et aux accords internationaux. 
 
Reste cette inconnue : comment Madrid réussira-t-elle à ménager Alger, après un tel camouflet ? Affaire à suivre.
 
 
 
 
 
 
 

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