Une évolution constante, un éventail de plus en plus large et d’énormes potentialités de part et d’autre, les relations entre le Maroc et le Nigeria, deux poids-lourds du continent africain, sont promis à un bel avenir, particulièrement dans leur déclinaison économique.
En effet, la dynamique soutenue qui a rythmé les liens politiques et économiques entre Rabat et Abuja ces dernières années renseignent, sans équivoque, sur cette logique qu’affectionnent les deux grandes capitales, celle d’une coopération sud-sud confiante, mutuellement avantageuse et résolument affranchie de tout complexe.
Date marquante de la dynamisation des relations bilatérales, la visite officielle qu’a effectuée le Roi Mohammed VI au Nigeria, en décembre 2016, avait imprimé une forte impulsion aux liens politiques bilatéraux mais surtout donné un élan fort au partenariat économique que les deux pays sont entrain de densifier, de fil en aiguille.
Ce tout premier déplacement du Souverain en terre nigériane avait, en effet, permis d’asseoir les fondations solides et pérennes d’une coopération économique diversifiée qui fait appel aux complémentarités existant entre les deux pays sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant, devise qu’ont en commun le Maroc et le Nigeria dans l’ensemble des secteurs générateurs de richesses.
Le clou de la visite était, sans conteste, l’annonce officielle de la construction d’un gazoduc reliant le Nigeria au Maroc, un projet titanesque qui donne tout son sens à la coopération inter-africaine très chère au Roi Mohammed VI et préconisée par le président nigérian Muhammadu Buhari.
Ce méga-projet a tous les attributs d’un véritable outil d’intégration et de développement régional, notamment en Afrique de l’ouest, en ce sens qu’il devra traverser une douzaine de pays de la zone pour, à terme, être connecté au marché européen, avec tout ce qui en découle en termes de mise à niveau des infrastructures et de développement social.
De même, ce projet d’envergure, qui devrait parcourir quelque 4.000 km, contribuera à restructurer un marché régional de l’électricité et constituera une source substantielle d’énergie au service du développement industriel, de l’amélioration de la compétitivité économique et de l’accélération du développement social. Tout cela fait naturellement du gazoduc Nigeria-Maroc une locomotive de la restructuration économique pour toute l’Afrique de l’Ouest.
C’est dire, au demeurant, toute l’importance qui échoit à ce pipeline qui, du haut de sa portée unificatrice, contribuera également à la stabilité régionale et sous-régionale ainsi qu’au renforcement des liens bilatéraux et multilatéraux entre les différents pays qu’il devra traverser.
En sus du domaine énergétique, l’agriculture est désormais l’un des axes majeurs de la coopération entre les deux pays. La visite du Roi a été, en effet, émaillée du lancement d’un partenariat stratégique visant le développement de l’industrie des engrais au Nigeria, de bout en bout.
Ce partenariat, qui devrait couvrir toute la chaîne de valeur agricole, porte, entre autres, sur la mise en place de solutions fertilisantes adaptées à la nature des sols et des cultures au Nigeria de même qu’il prévoit des mesures d’accompagnement des agriculteurs du pays le plus peuplé en Afrique (Plus de 186 millions d’habitants).
Mais pas seulement. Le partenariat scellé devant les deux Chefs d’Etat englobe le développement d’une plateforme de production d’engrais au Nigeria, le partage d’un réel savoir-faire en matière de développement de structures de blending locales et la promotion de l’innovation et l’effort en matière de recherche et de développement.
Le renforcement des circuits de distribution locaux et l’approfondissement des pistes d’extension des systèmes agricoles existants ne sont pas en reste en vertu du partenariat conclu.
Outre ces deux projets d’envergure, la visite du Roi Mohammed VI à Abuja a permis de renforcer le cadre juridique régissant les relations bilatérales dans des domaines ayant trait aux services aériens, aux énergies renouvelables et à l'encouragement et à la protection réciproques des investissements.
Le déplacement du Souverain avait, en outre, donné un coup d’accélérateur à la collaboration spécifique aux secteurs de la pêche maritime, de la logistique, des finances et des assurances.
Du côté du secteur privé, l’ambition des deux Etats de booster la coopération économique a trouvé un écho favorable. Concrètement, un forum d'affaires maroco-nigérian s'était tenu en novembre 2016 à Lagos où les deux parties ont passé au crible les possibilités de coopération dans plusieurs secteurs à forte valeur ajoutée, notamment l’industrie agroalimentaire, l’équipement automobile, le tourisme, le phosphate, la construction, les banques et les produits artisanaux.
Depuis, les missions de prospection et les rencontres B to B se sont enchainées au Maroc comme au Nigeria et plusieurs opportunités d’affaires et d’investissement ont été dégagées.
La coopération entre Rabat et Abuja couvre également le champs religieux dans le cadre du souci du Maroc, sous la conduite éclairée du Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, de faire bénéficier les pays africains de son expérience en matière de gestion des affaires religieuses. C'est dans ce cadre-là qu'un groupe d'imams nigérians a intégré l'Institut Mohammed VI pour formation des imams et des morchidines et morchidates à Rabat, outre l'échange d'expériences dans le cadre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, mise en place à l'initiative du Souverain en vue de préserver la religion islamique contre toute déviation et l’extrémisme et de promouvoir ses valeurs magnanimes. Somme toute, de par leurs poids en Afrique, le Maroc, ardent défenseur d’une Afrique qui se prend en charge, et le Nigeria, puissance économique et démographique incontestée du continent, ont tous les atouts pour asseoir et perpétuer un partenariat économique archétypal avec des retombées à la mesure des potentialités cumulées du tandem Rabat-Abuja.