Le partenariat Maroc-Union européenne est dans une dynamique positive. La visite officielle effectuée au Maroc les 5 et 6 janvier par le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, en témoigne.
Elle a permis d’avoir une discussion approfondie sur la mise en œuvre de ce partenariat, y compris dans la perspective du nouvel Agenda pour la Méditerranée, mais également de faire le point sur les dossiers en cours et d’explorer les domaines spécifiques où le dialogue et la coopération pourront davantage se renforcer. Objectif : consolider la dynamique de développement que connaît le partenariat historique liant le Maroc et l’Union européenne tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
D’ailleurs, selon le Service européen d’action extérieure (SEAE), durant l’année écoulée, Rabat et Bruxelles ont poursuivi l’exploration du potentiel «sans limites» de leur partenariat, allant vers davantage d’intégration du Maroc dans la biosphère économique européenne, de développement de la résilience industrielle et économique, de création des conditions de nouvelles chaînes de valeurs industrielles, de renforcement de leur ambition climatique partagée et d’immunisation de leur partenariat. Et en l’espace de quelques mois, pas moins de six membres du Collège des commissaires de l’UE ont fait le déplacement au Maroc, avec le lancement à chaque fois d’actions concrètes et d’initiatives qui enrichissent leur partenariat.
Cachet économique
La visite de Borrell a un double cachet. Le premier est économique, d’autant que le niveau des échanges commerciaux entre les deux parties a permis au Maroc de se positionner en tant que premier partenaire économique et commercial de l'UE sur le continent africain. En cela, les échanges commerciaux entre les deux parties ont atteint, en 2021, plus de 45 milliards d'euros et triplé en 10 ans.
«Je souhaite réitérer l’engagement fort de l’UE pour ce partenariat et notre volonté de l’élargir, de l’approfondir et de faire le nécessaire pour préserver son cadre juridique», a affirmé Borrell lors d’un point de presse conjoint à l’issue de ses entretiens avec le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita. Borrell souhaite aussi promouvoir davantage les investissements de l’UE au Maroc et étendre le périmètre du partenariat avec le Royaume à de nouveaux domaines, comme le numérique.
Même son de cloche chez Bourita, qui salue «un partenariat de voisinage, de valeurs et d’intérêts qui nécessite d’être nourri et enrichi».
Rappelons, à ce titre, que c’est dans le cadre de l’approfondissement de la coopération bilatérale que s’inscrit le Mémorandum d'entente signé en octobre dernier, portant sur l’établissement d’un Partenariat vert avec l'UE, ce qui fait du Royaume le premier pays à conclure un partenariat de ce type avec Bruxelles. Il permettra de placer la lutte contre les changements climatiques, la promotion et l’avancement de la transition énergétique, la protection de l’environnement et la transition vers l’économie verte et juste parmi les priorités des relations entre l’UE et le Maroc.
Dimension politique
La visite au Maroc du haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité revêt, d’un autre côté, une coloration politique très prononcée. Une dimension politique mise en orbite au travers de deux sujets fondamentaux : le premier concerne le rôle important du Maroc en matière de paix et de stabilité dans la région, en particulier l’implication du Royaume dans le processus politique et la stabilité en Libye.
Le second a trait à la question du Sahara marocain. Sur ce point, Borrell a été sans équivoque. «Nous avons pris note et nous valorisons beaucoup les efforts sérieux et crédibles déployés par le Maroc à cet effet (trouver une solution à la question du Sahara marocain)», a-t-déclaré, non sans préciser que «l’UE soutient le processus de l’ONU et les initiatives de l’Envoyé personnel de son Secrétaire général visant à parvenir à une solution politique qui soit juste, réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable et qui repose sur le compromis, en conformité avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies». Bien évidemment, une telle posture de l’UE est forcément vue d’un mauvais œil par les ennemis du Royaume. Qui ne manquent pas une occasion pour tenter de discréditer, voire de saborder le partenariat Maroc-UE. D’où la réaction ferme de Bourita, qui dénonce le «harcèlement juridique et les attaques médiatiques multiples» qui ciblent ce partenariat, et qui «émanent de personnes et de structures dérangées par ce Maroc qui se libère, ce Maroc qui renforce son protagonisme, ce Maroc qui se projette sans complexe dans son environnement géopolitique africain et arabe». Raison pour laquelle il insiste pour que le partenariat entre Rabat et Bruxelles soit immunisé et protégé. Parce que le vent chaud qui circule entre les deux capitales irrite et fait des jaloux.
Disons-le : aujourd’hui, tout acte posé par le Royaume et qui s’inscrit dans le processus logique de son développement, de quelque nature qu’il soit, est scruté, disséqué, analysé… pour tenter d’en minimiser la portée, voire de le discréditer. Au grand dam de nos détracteurs et ennemis, cela ne dévie point le Maroc de sa route. La route vers la modernité, sous la conduite éclairée de son Souverain.
F. Ouriaghli