Intraitables. Oui, les parlementaires sont vraiment incorrigibles. Ils se sont encore mis en évidence d’une manière assez pathétique. En effet, la Chambre des représentants a adopté, vendredi soir en séance plénière, à la majorité des voix, le Projet de Loi de Finances de l'année 2017. Le PLF 2017 a ainsi été adopté par 194 voix pour, 56 contre et 39 abstentions. Au moment du vote, ce sont donc au total 289 voix qui se sont exprimées. Or, rappelons-le, l’hémicycle compte, que l’on sache, 395 députés. Pour quelque chose d’aussi important que le vote du PLF, 106 députés, soit 27% du total qu’en compte la Chambre des représentants, ont ainsi fait l’école buissonnière. Beau sens de la responsabilité et du devoir envers les électeurs et la collectivité !
Nos députés ont vraiment la mémoire courte. Ils ont vite fait d’oublier la portée du message que leur a adressé le Souverain en novembre 2013, à l’occasion du cinquantenaire du Parlement. Le Roi avait notamment insisté sur la nécessité, pour les membres du Parlement, de faire preuve de probité politique, intégrité intellectuelle et morale et un sens élevé des responsabilités. Ajoutant que «la mise en œuvre de la bonne gouvernance parlementaire (…) doit constituer désormais une ligne de conduite constante de votre institution».
Manifestement, ils n’ont pas fait leur les propos du Souverain. Pour dire que l’habitude est une seconde nature. Au point que l’absentéisme récurrent des élus s’est inscrit, avec le temps, dans une forme déconcertante de normalité et jette le discrédit sur cette institution que l’on ne voit remplie que lorsque le Souverain s’y rend. Et, malheureusement, le taux d’absentéisme élevé noie l’action parlementaire de tous ceux qui essaient, à travers les actes qu’ils posent, de s’engager au service de l’intérêt général.
A l’évidence, les mêmes causes produisent les mêmes effets… partout : on est vite à court d’arguments face à ceux qui fustigent une administration marocaine gangrenée par le laxisme, comme face à ceux qui dénoncent la médiocrité de l’action du Parlement, miné par l’absentéisme. Depuis le temps que l’on décrie ces deux phénomènes, rien n’a pourtant changé. Malgré les sanctions annoncées ici et là. L’on se rappelle d’ailleurs qu’un an après l’arrivée du PJD au pouvoir, il avait été décidé la mise en place d’un système de contrôle et de surveillance pour sanctionner les fonctionnaires qui font l’école buissonnière, mais également ceux qui fonctionnent en mode horaire décalé, c’est-à-dire qui viennent ou partent du bureau à leur convenance. Mardi dernier, notre confrère Al Akhbar rapportait que le président de l’hémicycle, Habib El Malki, envisageait lui aussi de taper sur le portefeuille des députés qui s’absentent sans justification, en ponctionnant sur leur salaire.
A l’évidence, il faudra bien changer tout ça. Car ce Maroc qui se modernise et qui a des velléités de développement soutenues, ne peut se permettre de trainer ce boulet constitué par tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans cette dynamique impulsée par le Souverain.■
D. W.