Le juge espagnol qui a entendu mardi matin le chef du front polisario, visé par deux plaintes pour "tortures" et "génocide", n'a adopté aucune mesure coercitive à son encontre, comme la confiscation de ses papiers ou sa détention provisoire.
Réclamées par les plaignants, ces mesures ont été "rejetées" par le juge qui estime que "dans la situation actuelle, il n'existe pas de risque de fuite avéré" de Ghali, selon sa décision consultée par l'AFP.
"Il n'apparaît pas que le prévenu puisse ou veuille se soustraire à l'action de la justice", écrit-il encore.
Selon des sources judiciaires, cette décision pourrait toutefois permettre à Brahim Ghali de quitter l'Espagne s'il le souhaitait.
Le chef du polisario, dont l'accueil en Espagne pour y être soigné du Covid-19 a déclenché une crise diplomatique majeure entre Rabat et Madrid, devra uniquement communiquer "un domicile et un (numéro de) téléphone afin de pouvoir être localisé".
Hospitalisé depuis le mois d'avril à Logroño, Brahim Ghali a été interrogé mardi matin pendant environ 1H30 en visioconférence depuis l'hôpital de cette ville du nord de l'Espagne.
Il est visé par deux plaintes en Espagne, classées par le passé avant d'être rouvertes récemment.
L'une, notamment pour "tortures", déposée par Fadel Breika, un dissident du Front Polisario naturalisé espagnol. L'autre, notamment pour "génocide", déposée par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH), une organisation basée en Espagne.
Ces deux plaintes évoquent des faits qui auraient été commis dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie.
Les accusations qui visent Brahim Ghali "sont totalement fausses", a affirmé devant la presse son avocat Me Manuel Olle.
Le chef du polisario est arrivé en Espagne, selon le quotidien El Pais, dans le plus grand secret le 18 avril, à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d'un "passeport diplomatique".
Il a ensuite été admis à l'hôpital de Logroño sous un faux nom "pour des raisons de sécurité".
Rabat, qui accuse Ghali d'être un "criminel de guerre", réclame depuis des jours une enquête "transparente" sur les conditions de son arrivée en Espagne et l'accuse d'avoir voyagé "avec un passeport falsifié".
L'avocat de Ghali a assuré que son client n'était "pas venu en cachette, il est entré avec son passeport, dans un état plus proche de la mort que de la vie".
(AFP)