Lorsqu’Emmanuel Macron a décidé d’enterrer les années tristes et impuissantes d’Elisabeth Borne, il fit appel à Gabriel Attal qui frappe sur le champ les esprits par deux caractéristiques majeures et inédites. Il est très jeune et assume ouvertement son homosexualité. Passé cet instant disruptif, il apparaît clairement aujourd’hui que le vrai frisson de ce nouveau gouvernement est l’arrivée impromptue de Rachida Dati, maire Les Républicains du très sélect VIIème arrondissement.
Mustapha Tossa
Rachida Dati n’est pas à proprement parlé une inconnue du grand public français. Elle est comme l’aurait qualifié le Premier ministre Gabriel Attal «une marque».
Alors que les récents échecs des Républicains dans de multiples scrutins avaient replongé la plupart de ses leaders dans l’anonymat, Rachida Dati est restée présente dans la chronique politique quotidienne des français. De la tribune de la mairie de Paris et de son opposition constante à Anne Hidalgo, elle a fait une rampe de lancement pour entretenir une ambition et une carrière politique.
Dés le début de ce mandat de Gabriel Attal, le public français avait à subir les effets contrastés de deux femmes politiques au pedigree différent. La première est la ministre des Sports et de l’Education, Amélie Oudéa-Castera, dont les bourdes à répétition ternissent l’avenir politique. La seconde est Rachida Dati dont l’audace politique, la dynamique de son verbe, le volontarisme de sa posture autorisent tous les rêves.
Les sorties médiatiques de Rachida Dati sont scrutées avec beaucoup d’attention. Elle capte facilement la lumière et les audiences. Ses détracteurs guettent ses faux pas. Son fan club la regarde s’imposer avec admiration. Un fait notoire, Rachida Dati n’est pas une femme à avoir sa langue dans sa poche. Elle dégage une indéniable sincérité politique et une cohérence dans les convictions. Elle est la seule à pouvoir affirmer sans risquer de choquer qu’il y a quelque chose de Sarkozy dans la personnalité de Gabriel Attal.
C’est justement Nicolas Sarkozy qui avait donné un coup de fouet à la carrière de Rachida Dati lorsqu’il l’avait nommée Garde des sceaux, ministre de la Justice, la première fois qu’un ministère régalien fut donné à une personnalité de la trempe de Rachida Dati. À l’époque, sa nomination fut accueillie par un scepticisme avec d’étranges relents. Aujourd’hui, sa présence à la tête d’un ministère aussi important que celui de la Culture provoque des grincements de dents. Est-elle légitime pour occuper une telle fonction ? Oui, répond sans ambages une Rachida Dati remontée par l’excitant défi de battre ce procès en illégitimité qu’on lui dresse.
Elle aura à démonter l’étendue de son talent de gestion lorsqu’elle s’attaquera aux grands dossiers qu’affronte l’industrie culturelle française. Rachida Dati ne cache pas une ambition somme toute légitime. Tout en gérant ce ministère très iconique du gouvernement avec ses difficultés propres, Rachida Dati garde en tête l’ambition de conquérir la très convoitée Mairie de Paris. Récemment, Emmanuel Macron avait démenti l’existence d’un deal avec Dati. Son entrée au gouvernement en échange d’un soutien politique massif de la part de la majorité présidentielle lors des prochaines élections municipales pour lui permettre de conquérir le poste non moins prestigieux de maire de Paris.
Rachida Dati dont les positions pro-Sahara marocain sont publiquement assumées, aura par ricochet un impact certain pour tenter de sortir Emmanuel Macron de la zone de confort de non choix où il blottit sa diplomatie quand il s’agit de traiter ses relations avec les pays du Maghreb.