Lancées par les Éditions Orion, Orion Productions, le Club de lecture d’Anfa et le Complexe culturel Anfa, les premières journées littéraires de Casablanca, qui se déroulent du 1er au 11 juin 2023, ont réuni une belle palette d’auteurs marocains pour mettre sur pied un rendez-vous annuel dédié au livre et à la littérature dans toutes ses variétés et variations au Maroc.
Casablanca a grand besoin, non seulement de ces journées littéraires initiées par les Éditions Orion et le Complexe culturel Anfa, mais de dizaines d’initiatives de ce type pour offrir aux Casablancais un peu de culture, un peu de rêve et des escapades littéraires.
Car la ville en manque cruellement aujourd’hui. Mieux encore, plus ces rendez-vous se multiplient, plus les Marocains désireux de lire et de sortir pour changer d’air et se ressourcer trouveront des plateformes dédiées à la culture, dans un espace social de plus en plus stérile en arts et en culture.
C’est dans cet esprit que les premières Journées littéraires de Casablanca, organisées sur dix jours, au Complexe culturel Anfa, sont une belle vitrine pour rencontrer des auteurs, pour donner la parole aux aficionados et surtout pour faire vivre le livre et la lecture dans un Maroc où, dit-on, on ne lit presque plus.
«C’est exactement cela l’esprit de ces journées littéraires de Casablanca. Aller à la rencontre des amoureux du livre et de la littérature, rencontrer des écrivains, partager avec eux, donner son point de vue, prendre la parole, échanger pour mieux vivre dans une société qui a grand besoin de dialogue et de communication», comme le souligne Docteur Imane Kendili, initiatrice du projet en collaboration avec l’écrivain et journalist, Abdelhak Najib ainsi que Nawal Sekkoury, Directrice du Complexe culturel Anfa, qui offre aux Casablancais un bel espace de rencontres et d’échanges autour des Arts et de la Culture, dans leur grande variété.
De fait, cette ouverture a été lancée par un hommage vibrant au grand journaliste et écrivain, le regretté Abdallah Al Amrani à qui tout le monde a rendu hommage en présence d’amis de longue date du défunt, tel que le professeur Mekki Touhami, lui-même un digne fils de cette magnifique ville d’Ouezzane.
Cet hommage a également été l’occasion de présenter le roman à succès de Feu Abdallah El Amrani : «L’homme qui tua la lune».
Nous l’avons vérifié, le samedi 3 juin 2023, lors de l’Ouverture officielle de ces Journées, en présence de centaines d’amoureux du livre qui ont fait le déplacement pour rencontrer leurs auteurs favoris autour de figures incontournables comme le grand écrivain marocain, auteur de plus de 18 romans, Mamoun Lahbabi, ainsi que l’artiste plasticien et romancier Omar Berrada qu’on ne présente plus, auteur qui jouit d’une belle notoriété au Maroc, et surtout en Espagne où il est invité plusieurs fois par an pour exposer et signer ses ouvrages.
«Ces journées sont une belle occasion pour nous réunir entre auteurs et public et parler de ce qui nous anime, de nos passions, de nos expériences multiples, de notre amour pour les Arts et la littérature.
Durant cette journée de lancement officiel, le public a répondu présent, avec une belle variété, hommes, femmes et surtout une belle jeunesse assoiffée pour la création et la créativité.
Comme vous l’avez suivi, nous avons présenté nos ouvrages, nous avons parlé de nos expériences en tant qu’écrivain et surtout nous avons dialogué avec l’assistance autour de préoccupations communes sur la société, sur le monde où l’on vit aujourd’hui, sur la nécessité de préserver la littérature et de la promouvoir, sur le rôle du livre au cœur de toute société qui se respecte, sans oublier la lecture qui est une question cruciale pour le Maroc aujourd’hui, surtout face à l’invasion des nouvelles technologies et des réseaux sociaux qui peuvent détourner plus d’un du livre et de sa valeur incontournable», précise Mamoun Lahbabi, qui a présenté ses deux derniers romans : «La rencontre», dans sa deuxième édition et «De peine et de cendre».
En effet, cette journée des signatures a également réuni d’autres auteurs dont Abdelhak Najib, qui a présenté, en avant-première, son dernier roman : «La mort n’est pas un nouveau soleil», Omar Berrada qui a signé son roman, dans sa deuxième édition, «Richard, cœur de loup», Mustapha Guiliz et «Les hommes de la nuit», Karima Alaoui Soulaimani et son «Mots et lumière», Jean Zaganiaris avec son roman : «Dieu nous a créés éternels», Hanae Mikou et son recueil de poésie, «Le seuil de l’âme», Med Hicham Charif d’Ouazzane et son premier né, intitulé : «Le pied».
Sans oublier Docteur Imane Kendili qui a pu dédicacer plusieurs ouvrages scientifiques de belle facture, tels que «Harm Reduction : The Manifesto», «Réductions des risques : le manifeste», «HAH, le livre blanc», présenté par le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, «Cannabis, ce qu’en dit la science », dans sa troisième édition, «Covid-19, le livre blanc», «Coronavirus, la fin d’un monde», «Derrière un écran de fumée» et son Best-seller «Les drogues expliquées à mes enfants».
Ce qui fait dire à Omar Berrada que «ces rencontres littéraires marquent le début d’une belle aventure littéraire qui va réunir non seulement des écrivains marocains de tous bords, mais aussi des auteurs venus d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Amérique Latine et d’Asie, dans un réel échange Sud-Sud pour s’ouvrir sur les grandes littératures du monde et pour exporter notre littérature dans sa grande variété. Car, aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin de nous ouvrir sur toutes les cultures du monde au-delà des frontières défiant tous types de clivages, dans une grande tolérance et avec une belle curiosité née du désir d’aller vers l’autre, vers tous les autres».
Justement, selon les initiateurs de ce beau projet culturel, cette première édition sert à poser les jalons de ce qui se veut un rendez-vous continental, à la fois africain et arabe, ouvert sur toutes les littératures du Sud, de l’Asie à l’Amérique Latine pour célébrer l’émergence d’une nouvelle vision du monde, d’une approche différente des lettres et des hommes, dans un désir franc de célébrer l’humain aujourd’hui, à un moment où l’humanité semble de en plus en prise avec la médiocratie, avec les populismes et cette inclination pour les clivages de tous poils.
C’est dans ce sens que cette édition a présenté les oeuvres de la grande poétesse syrienne qui vit en Turquie, Aïcha Al Khedr Luna Amer, ainsi que d’autres noms comme Amahdou Mahater Ba, Mark Dougal, Peter Harper, David Gruson, David Khayat, Martin de Duve, Gabriel Malka, Zeina Al Moukarzel, Fares Mili et autres Fabien Brisard, pour ne citer que ces noms auxquels on peut ajouter ceux de Jean-François Clément et de Abdelaziz Alaoui, qui ont enrichi la collection des éditions Orion avec leurs participation et leur collaboration.
Les organisateurs, qui ont tenu à remercier tous les médias marocains, toutes presses confondues, pour leur soutien et leur accompagnement, annoncent également la création du Grand Prix Orion Maroc qui va récompenser sept auteurs en sept disciplines, chaque année.
Ce nouveau prix littéraire est bien entendu ouvert à tous les auteurs et à toutes les nationalités.
Une autre bonne nouvelle pour le livre et pour les écrivains, qui ont tous souligné ce climat de pauvreté de la culture au Maroc et de marginalisation des forces vives et actives de la bonne littérature, loin des folklores de bas étage et autres écritures de gare et pour salles d’attente.
Par Mounir Serhani, Écrivain et universitaire