Les propos tenus mercredi dernier par le Pr Jean-Paul Mira, chef de la réanimation à l’hôpital Cochin de Paris continuent de susciter une forte indignation en Afrique.
Après le Club des avocats au Maroc qui a décidé de porter plainte pour «diffamation raciale auprès du procureur de la république», c’est au tour du réseau de femmes journalistes d’Afrique «Les Panafricaines» de crier à l’outrage.
Il «condamne avec la plus grande fermeté les propos insultants, à caractère raciste», tenus sur la chaîne de télévision d’information en continu LCI et qui lassent entendre que l’Afrique est un laboratoire, et donc les Africains des cobayes sur lesquels une expérience serait réalisée».
"Faisant preuve d’une méconnaissance totale des réalités africaines et dans une approche condescendante éhontée, Jean Paul Mira use de clichés pour présenter la caricature d’un continent où les populations ne se protégeraient pas, où il n’y aurait rien : «pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation»", s’indigne le réseau.
Pour «Les Panafricaines», «l’Afrique et ses populations n’ont pas de leçon à recevoir d’individus de la sorte». Car, estiment ces journalistes, «quelles que soient leurs difficultés, les Africains les abordent dans la dignité et puisent leurs forces dans leurs convictions».
En cela, les propos de Jean-Paul Mira ne sauraient être considérés comme un dérapage. Surtout qu’il commence sa question par «si je peux être provocateur», signe qu’il est «parfaitement conscient de la portée scandaleuse et donc répréhensible de ses propos».
Dès lors, «aucune excuse ne peut lui être trouvée, tout comme au professeur Locht qui entame sa réponse en donnant raison à son interlocuteur».
Ainsi, ajoute le réseau, «nous ne saurions considérer (…) les excuses et les regrets qui sont exprimés par Jean-Paul Mira».
Tout autant, il s’étonne «devant le communiqué de l’Inserm, qui qualifie la vidéo médiatisée notamment dans les réseaux sociaux de «tronquée», alors qu’elle n’a fait l’objet d’aucun montage et d’aucune altération d’aucune sorte.
«Les Panafricaines» demandent enfin «à la chaîne LCI d’assumer ses responsabilités en tant que diffuseur» et en appellent «à l’autorité française de régulation, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, garant de la lutte contre les discriminations, pour qu’il prenne les mesures nécessaires pour rappeler LCI fermement à l’ordre».
Les Panafricaines en bref
Le réseau des femmes journalistes d’Afrique, Les Panafricaines, a son siège à Casablanca au Maroc. Il regroupe des centaines de journalistes à travers les 54 pays du continent et des journalistes africaines exerçant dans d’autres médias à travers le monde.
Le réseau a pour mission de contribuer à un éveil citoyen sur la responsabilité des médias et leur rôle dans la construction des opinions publiques.