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JO de Tokyo : Le Maroc peine à trouver ses marques

JO de Tokyo : Le Maroc peine à trouver ses marques

 

L’évènement des Jo de Tokyo est l’occasion tant attendue par les sportifs de haut niveau pour se surpasser et inscrire leur nom au firmament de l’histoire. Tous les 4 ans, l’événement draine des athlètes par millier et attire des millions d’adeptes de sports à travers le monde.

 

Pour l’édition de Tokyo (la 32ème de l’histoire des Jeux Olympiques), la cérémonie d’ouverture s’est déroulée à huis clos en raison de la situation sanitaire et les épreuves sportives s’effectuent sans public étranger. Le nombre de délégations et de participants a été considérablement réduit : 206 délégations composées de 11.090 sportifs seulement.

Pour les engagés, un seul mot d’ordre : faire de la célèbre devise olympique de Pierre de Coubertin «plus vite, plus haut, plus fort» (en latin Citius, Altius, Fortius) une motivation pour percer.

La Chine qui a été décimée par le coronavirus, n’a rien perdu de sa superbe ni de sa hargne. Elle s’installe en leader avec 69 médailles dont 32 en or, suivie des Etats-Unis et du pays hôte, le Japon.

Le Maroc, quant à lui, signe sa 11ème participation depuis les JO de Rome en 1960. Grâce à l’or de l’excellent Soufiane El Bakkali, le Royaume comptabilise désormais 24 médailles (l’athlétisme se taille la part du lion avec un palmarès impressionnant de 20  médailles : 7 en or, 5 en argent et 8 en bronze). 

 

Le coup de grâce de Soufiane El-Bekkali, l’homme en or !

Sur les pas de ses prédécesseurs, Soufiane El Bekkali persiste et signe dans les cieux de Tokyo. Le spécialiste du demi-fond offre ainsi le précieux métal pour le Royaume après l’échec flagrant de la délégation marocaine dans les autres sports. Le natif de Fès sauve, en quelque sorte, la face en remportant haut la main la finale du 3.000 m steeple. Le coureur de 25 ans a mis fin à l'incroyable domination kényane sur la distance, après neuf titres olympiques consécutifs depuis 1984.

 

Les limbes de l’espoir de Soufiane El-Bekkali

Grâce au précieux métal du jeune prodige, le Maroc arrache la 24ème médaille de son histoire dans le cadre des JO, toutes compétitions confondues, et la première à Tokyo. Le Maroc n’a plus remporté l’or depuis Athènes 2004, lors du retentissant doublé (1.500/5.000 m) du légendaire Hicham El Guerrouj.

Le palmarès de Soufiane El Bakkali est riche en consécration, à savoir une 4ème place aux JO de Rio en 2016, vice-champion du monde en 2017 et médaillé de bronze aux Mondiaux de Doha en 2019… A Tokyo, il arrache le précieux sésame pour délivrer toute une nation et égayer son parcours en attendant d’autres consécrations. 

 

Le sacre de Soufiane El Bakkali ne doit pas nous éloigner de la réalité et du triste constat, car depuis les JO de Pékin 2008, la performance des Marocains est en plein déclin

 

Le Maroc excelle en contre-performances sportives. En effet, depuis Londres 2012, les participations aux JO se suivent et se ressemblent. Les délégations font pâle figure. Au tableau des médailles, la moisson est bien maigre (à l’exception de l’or de Soufiane El Bakkali). Pour l’édition de Tokyo, le contexte est certes particulier, coronavirus oblige, mais le virus est une réalité qui s’impose à tout le monde.

Si l’on considère que Londres 2012 et Rio 2016 restent la pire moisson pour le Maroc depuis 1984 avec une seule médaille de bronze au compteur, celle de Tokyo s’annonçait catastrophique avant le coup de maître du champion olympique El Bakkali qui vient sauver la mise. Pour rappel, la délégation marocaine est composée de 48 athlètes, représentant 18 disciplines.

L’athlétisme, discipline phare où le Maroc a toujours brillé, peine aujourd’hui à trouver ses marques. Très peu d’athlètes parviennent à percer à quelques exceptions près, à l’image de l’excellent Soufiane El Bakkali. Les résultats des athlètes marocains aux JO régressent de plus en plus. C’est une désillusion.

«C'est dommage pour le Maroc qui s'est forgé une bonne réputation aux JO grâce à quelques athlètes hors pair Aouita, Nawal, Skah, Boutaib, Boulami, El Guerrouj, Bidouane, Iguidir … Mais c'est 3 dernières éditions, nous sommes un peu hors compétition et nous nous imposons difficilement. L’athlétisme est en deuil, il faut aussi rajouter la boxe qui possède de véritables talents à fort potentiel mais qui manque de suivi et d'encadrement de haut niveau. Ces talents perdent leur punch et s'éclipsent au fur et à mesure», s’indigne Saadallah Yassine, conseiller auprès du vice-président de la Mairie de Casablanca chargé du sport et de la culture et expert en management du sport.

 

La relève existe bel et bien, mais la performance ne suit-elle pas ?

«Exactement, le Maroc est un pays qui compte de jeunes talents dans tous les domaines mais les résultats ne suivent pas au niveau des compétitions internationales. Cette contreperformance est due principalement à l’absence de formation, d'encadrement et de la non planification des entraînements à un niveau élevé. Là, le reproche est à mettre à l’actif des fédérations et de leurs directions techniques qui ont montré, des années durant, leurs limites et leurs incompétences. Il faut savoir dire non, quand nous sommes incapables de préparer de vrais champions», explique-t-il.

 

Canoë-Slalom : Mathis Soudi, de l’ombre à la lumière

Mathis Soudi, le kayakiste marocain, est la révélation de ces JO de Tokyo. Ce jeune athlète de 21 ans est une belle lueur d’espoir pour ce sport très peu prisé au Maroc. Evoluant à l’étranger, Mathis Soudi a réalisé un joli exploit en se qualifiant pour la demi-finale de l’épreuve du canoë slalom. Accéder en demi-finale est déjà un exploit en soi. Le Rennais s’incline à ce stade de la compétition en décrochant le 18ème rang. La dernière participation du kayak marocain aux Jeux Olympiques remonte aux Jeux de Sydney 2000, représenté par Nizar Samlal.

 

La natation et le noble art, un petit tour et puis s’en vont

Grosse désillusion pour la natation nationale. Les nageurs marocains sont sortis bredouilles des Jeux Olympiques de Tokyo, aucune percée. Pourtant, le Maroc possède quelques perles rares évoluant dans le pays et également sous d’autres cieux, à l’image de Samy Boutouil, 20 ans.

La Covid -19 a effectivement chamboulé la préparation des nageurs nationaux avec la fermeture des piscines municipales due à la pandémie. Mais cela n’empêche qu’une préparation a été effectuée en faveur des sportifs marocains. La Fédération royale marocaine de natation avait même tracé des objectifs, le plus notoire est de ne plus faire acte de présence dans ce genre de compétition d’envergure mais plutôt de rehausser le niveau pour réaliser de bons résultats. Et pourtant, la réalité du terrain est tout autre. Il ne suffit pas de tracer, il faut un travail de fond étalé sur plusieurs années pour concrétiser les objectifs à moyen et long terme.

Dure était la chute pour les nageurs marocains. Aucun résultat probant n’a été réalisé à ces Jeux Olympiques de Tokyo. Si l’on prend l’exemple de la Tunisie, elle a frappé fort grâce au jeune nageur, Ahmed Hafnaoui, 18 ans, qui décroche l’or olympique pour son pays sur 400m nage libre. La consécration est-elle donc possible pour les autres nations et difficile à réaliser pour le Maroc ? Pourtant, un stage de préparation et un budget ont été alloués pour toutes les disciplines.

«Effectivement, le Comité national olympique marocain (CNOM) a décidé depuis plus de 4 ans de s'intéresser aux athlètes à fort potentiel et de les aider par une dotation mensuelle afin de se préparer dans des conditions optimales, sociales et mentales favorables à la réalisation des exploits. Si ma mémoire est bonne, l'indemnité mensuelle tourne autour de 10.000 et 15.000 DH», avance la même source. Et de poursuivre non sans amertume «cette aide émane du CNOM et non pas des fédérations, mais le constat est décevant voire honteux. Pas d’exploit en vue sauf l’athlète en or Sofiane El Bakkali qui nous sauve d’une véritable hécatombe».

Dans ce cafouillage, la Fédération royale marocaine de natation a dissous son comité technique et a gelé toute activité jusqu’à la tenue de l’assemblée générale en septembre. Tout cela pour arriver à cette constatation, bien amère, à qui incombe la faute ? 

Pour la boxe, c’est aussi l’hécatombe. Même son de cloche pour la Fédération royale marocaine de boxe, qui suite aux mauvais résultats réalisés par les pugilistes au JO de Tokyo, le Bureau fédéral de la FRMB a décidé de dissoudre la Direction technique nationale (DTN), y compris les cadres en charge des équipes nationales et de geler toutes ses activités jusqu’à la tenue de l’assemblée générale ordinaire, prévue en septembre prochain. Les autres sports de combat, à savoir le judo, le taekwondo et la lutte n’ont pas fait long feu. Le constat est le même : sortie prématurée des athlètes marocains.

 

Les sports collectifs brillent par leur absence

Dans les sports collectifs, nous avons plusieurs disciplines qui émergent du lot, à l’image du handball, du volley-ball ou encore du football. Mais force est de constater que dans les grands évènements comme les Jeux Olympiques, ces sports collectifs ne sont pas représentés, faute d’une qualification au niveau continental. Cette absence est très significative.

«En ce qui concerne les sports collectifs, le constat est, selon Yassine Saadallah, des plus tristes et des plus chaotiques. Même au niveau continental, le Maroc ne s'impose pas. Vous n'avez qu'à voir les résultats des équipes nationales. L'exemple le plus éloquent est le football qui bénéficie d’un budget énorme de 500 millions de dirhams par an aux dépens des autres sports. Résultat, on n'est même pas qualifiés pour les JO. Ajoutez à cela que nous n’avons jamais remporté une coupe d'Afrique, depuis celle de 1976 et même si on se qualifie pour la Coupe du monde, on sort dès le 1er tour, c'est grave. Pour le basketball, le handball ou encore le volley, il vaut mieux oublier et ne pas en parler… Le fossé est bien grand».

Ultime espoir l'athlète marocain Abdellatif Sadiqui est qualifié pour les demi-finales de l'épreuve du 1.500 m. Il pourrait enrichir le tableau des médailles marocain. Le jeune athlète a donc rendez-vous avec l’histoire, le 5 août, pour une place en finale. On vise le podium, croisons les doigts !

 

I.Z

 

 

 

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