«Bien que la fabrication et la diffusion de fausses nouvelles soient aussi anciennes que les sociétés humaines, le phénomène de la désinformation massive a, dans le contexte de la communication 2.0, pris des proportions nouvelles et implique désormais de nouveaux acteurs», a déclaré Latifa Akharbach, présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, le mardi 9 novembre 2021 à Tunis.
Participant aux travaux du séminaire international du Réseau Francophone des Régulateurs des Médias organisé par la HAICA de Tunisie qui en assume la présidence jusqu’en 2022, Akharbach a estimé lors de son intervention au panel consacré au «Rôle des régulateurs des médias dans la lutte contre la désinformation», que «les contextes de crise sont certes propices à la désinformation- la circulation frénétique de fake news pendant la pandémie de la Covid-19 en est une parfaite illustration -, mais force est de constater que l’on assiste à une banalisation des pratiques de désinformation».
Relevant les dangers de cette banalisation, la présidente de l’instance de régulation marocaine a pointé du doigt le coût social et démocratique de la désinformation, tout en signalant que cette pratique avait également un coût économique : «La pénétration de la désinformation et des théories du complot au sein des sociétés, a-t-elle souligné à ce propos, antagonise les relations entre individus, entre groupes et entre les individus et les institutions. Cette pratique contribue également à une polarisation de la société et à la mise en péril du vivre ensemble».
Au niveau politique, a continué la présidente de la HACA, «la désinformation fragilise la démocratie en disqualifiant les élites, les institutions, l’espace public, etc, par les rumeurs et les mensonges, et ce sans proposer aucune alternative. Le complotisme, l’une des nombreuses formes et manifestations de désinformation, affaiblit les démocraties également en visant à décrédibiliser les médias en tant que contre-pouvoir».
Akharbach a conclu son propos en notant que l’évolution des usages médiatiques avait renforcé l’exposition à la désinformation, ce qui a alourdi la responsabilité des journalistes professionnels et des médias dans la lutte contre la désinformation et la malinformation : «Le besoin sera croissant pour les médias de promouvoir de réelles compétences en matière de vérification et de contextualisation de l’information. Ces compétences sont d’autant plus nécessaires que les réseaux sociaux et les plateformes sont devenus une source majeure d’information pour les individus et pour les journalistes eux-mêmes».
Le Réseau francophone des Régulateurs des Médias est l’un des 16 réseaux institutionnels de l’Organisation Internationale de la Francophonie. ll comprend 30 membres d'Europe, d'Afrique et d'Amérique du Nord et constitue un espace de débats et d’échanges sur des questions d’intérêt commun aux autorités de régulation des médias et contribue aux efforts de formation et de coopération.