J’espère ne pas commettre un crime de lèse-majesté en parlant de toutes ces femmes qui ont partagé ma vie durant mon modeste parcours de journaliste financier. Parce qu’il y en a certainement d’autres que je vais involontairement omettre de citer, par la faute d’une mémoire qui, malheureusement, s’use avec le temps.Ces femmes ont été, si je puis dire, de fidèles compagnes... à ma plume depuis, pour certaines, de nombreuses années.
Elle les a suivies, accompagnées et côtoyées, de près ou de loin, dans leur ascension et leur implication dans leur proces sus de construction du Maroc moderne. Leur point en com mun ? Elles sont toutes, directement ou indirectement, dans le monde de la finance, et se mettent en orbite grâce à leurs compétences dans divers domaines. Sans triomphalisme aucun. Et en toute discrétion, quand bien même, par la force des choses, elles se retrouvent parfois sous les feux des projecteurs.
Parmi elles, j’ai néanmoins... ma préférée. Loin de moi le désir de rendre les autres jalouses (sic !). Non, c’est juste qu’il y a deux raisons à cela :
- Primo, notre compagnonnage a beaucoup duré, sans prendre de rides;
- Secundo, elle a laissé une empreinte que l’on ne pourra enterrer facilement dans la trappe de l’histoire touristique du Royaume.
Elle, c’est Fathia Bennis, actuelle PDG de Maroclear. L’ex-patronne de la Bourse de Casablanca aura en effet fait un passage remarqué à la tête de l’Office national marocain du tourisme, avec notamment son fameux slogan «Le Maroc, le plus beau pays du monde». Un slogan simple, qui a fait le buzz, voire même suscité des moqueries. Mais n’était-ce pas l’effet recherché ? Pour preuve, il est toujours gravé dans les esprits et reste de loin le slogan de l’Office le plus connu et le plus réussi. Aujourd’hui, du haut de... sa (Women’s) Tribune, elle en jubile certainement, même si elle a bien d’autres préoccupations, le dépositaire central étant dans une dynamique de modernisation constante pour accompagner Casablanca dans son objectif d’être un hub régional financier de référence.
Mais la place financière de Casablanca ne se construit pas uniquement à partir de la métropole. Là-bas, à Rabat, il y a bien d’autres actrices qui s’activent, discrètement, à l’émergence de ce qui fera la fierté du Maroc moderne. Difficile de toutes les citer. Mais on peut se permettre d’en énumérer une qui fait l’unanimité au sein du landerneau financier. Un trésor caché révélé au public à travers la pertinence de ses interventions lors des différentes manifestations auxquelles elle est conviée : il s’agit de la directrice du Trésor, Fouzia Zaâboul. Une belle compétence de l’Administration marocaine, comme il en existe tant d’autres moins bien connues.
A l’instar de notamment Ghizlane Guedira. Un nom qui ne dira certainement rien à beaucoup de Marocains. Elle fut pourtant haut cadre du Groupe SNI (ONA à l’époque) et de l’Office chérifien des phosphates, avant de changer d’univers pour gagner au change un poste de directrice financière... de l’Office des changes. Un poste qu’elle incarne avec autorité, à l’image de Nezha Hayat, présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), instance où l’on retrouve, en tant qu’administrateur indépendant, une autre femme de calibre en la personne de Rachida Benabdellah, ancienne DG de la compagnie d’assurances RMA et ex-boss du Centre monétique interbancaire.
A Rabat, chacune d’elle joue donc sa partition et participe, à sa manière, à l’érection de Casablanca comme plateforme financière régionale. Il est donc clair qu’elles ont vu d’un très mauvais œil cette phrase douteuse d’un
certain chef de gouvernement qui comparait les femmes à des lustres (sic !).
Elles, comme toutes ceux de la métropole économique qui portent en bandoulière la vision du Souverain de faire du Maroc un pays ouvert, engagé dans un processus de modernité irréversible. Et elles sont nombreuses à apporter cette touche de féminité efficace dans ce monde des affaires très masculin, où le machisme a quasiment pignon sur rue.
Il faut ainsi apprécier à sa juste valeur que la patronne de tous les patrons marocains soit une femme, en l’occurrence Miriem Bensalah-Chaqroun, administrateur DG de la société cotée à la Bourse de Casablanca, Oulmès. Pétillant ! Aujourd’hui d’ailleurs, la Confédération générale des entreprises du Maroc joue un rôle crucial dans le safari que mène le Royaume en Afrique.
A-t-elle pour autant volé la vedette à Saida Lamrani ? Pas le moins du monde. La présidente du Groupe Safari et présidente du Conseil de surveillance de Crédit du Maroc, forte de ses nombreuses responsabilités, reste et restera dame dans le microcosme des affaires au Maroc, parée de surcroît d’une singulière discrétion et humilité qui font d’elle une femme particulièrement adoubée.
Toutes choses égales par ailleurs, dans le domaine bancaire, elle croise le fer de loin avec une autre pointure, qui déroule un CV riche d’un quart de siècle dans le domaine de la finance. Son nom : Benbachir Souad. Sa fonction : Administrateur-Directeur général de CFG Bank. Une femme décorée depuis 2005 par le Roi Mohammed VI, Chevalier de l’Ordre du Wissam Al Arch. Une mine d’or pour cette banque qui ambitionne de bousculer la hiérarchie établie dans le secteur.
Et cette hiérarchie, CIH Bank compte aussi bien la titiller : il semble d’ailleurs que le Conseil d’administration est regonflé à bloc et affiche très bonne mine depuis qu’il a été décidé de coopter la patronne de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) en qualité d'administrateur indépendant. Amina Benkhadra fait ainsi une incursion remarquée dans le domaine bancaire, devenant la première femme de l’histoire de CIH Bank à assurer cette fonction.
Du côté d’Atlanta Assurances, dont le capital est détenu à hauteur de 10% par CIH Bank, l’Administrateur-Directeur général, Fatim-Zahra Bensalah, se félicite certainement de ce clin d’œil. Ça rassure en effet de savoir que, juste à côté, notre partenaire dans la bancassurance a ce souci de mettre en orbite les femmes compétentes de ce pays. Qui sont d’ailleurs deux à officier dans les hautes instances des compagnies d’assurances marocaines. Car, en face de Fatim-Zahra Bensalah, il y a un autre poids lourd qui, depuis 2005, est au cœur du développement du leader du secteur en Afrique, principalement en assurance non-vie. Il s’agit de Nadia Fettah Alaoui, qui a gravi avec assurance les marches du succès pour être, depuis début 2017, Directrice générale déléguée de Saham Finances et présidente du Conseil d’administration de Saham Assurance Maroc.
De l’assurance et du bagage, Noufissa Kessar en a aussi, elle qui peut sans sourciller se prévaloir d’une expérience riche de plus de 25 ans. Elle s’est forgée un statut de leader au sein du Groupe Attijariwafa bank où elle était directeur exécutif, avant de prendre, le 1er juin 2015, l’ascenseur pour la maison-mère, la SNI. Même Groupe, même fonction (directeur exécutif), mais sans aucun doute des challenges encore plus importants pour cette dame qui apprécie certainement de loin tout le crédit accordé à une autre dirigeante de l’une des filiales du Groupe, Leila Mamou. Du crédit, elle en a tellement que la présidente du Directoire de Wafasalaf en distribue à volonté, faisant de cette société le numéro un du crédit conso au Maroc.
Mais dans la course au cash, la Directrice générale de Wafa Cash, Samira Khamlichi, lui tient la dragée haute. Tant que le fric reste dans le groupe, c’est de bon aloi.
Du fric justement, l’Association des sociétés de gestion et fonds d'investissement marocains (ASFIM) en truste énormément. Et ce n’est pas la présidente de cette association, Lamia Boutaleb, co-fondatrice de la banque d’affaires Capital Trust et Directrice générale de Capital Trust Gestion, qui dira le contraire. Vivement le jour où le droit de donner la dépense quotidienne reviendra aux femmes !
Alors, dites-moi : qui ne se précipiterait donc pas pour être aux côtés de ces dames ? En tout cas, moi, pour rien au monde je ne m’en séparerais. Nous sommes unis à jamais. Pour le meilleur et pour le pire.
Bonne fête ! ■
D. William