Le 16 mai 2003 restera pour longtemps un jour noir et tragique pour tout le peuple marocain, qui a dû faire face à une attaque terroriste inédite sur le sol marocain, dans un élan de haine et de volonté de déstabiliser les arcanes de l’État.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Ce jour inoubliable (16 mai 2003), dont c’est le vingtième anniversaire, a vu Casablanca trembler sous plusieurs attaques terroristes presque simultanées. Nous avons eu à déplorer plus de 40 morts et de nombreux blessés. Depuis ce jour, la cohésion sociale s’est solidifiée contre toutes les formes de radicalisation et d'extrémisme de quelque nature et obédience qu’il soit : religieux ou dogmatique et idéologique. Depuis cette date fatidique, le Maroc livre une guerre sans merci à tous les terrorismes et se positionne comme l’un des leaders mondiaux dans cette traque des activistes affiliés à toutes les organisations et autres filières jihadistes et criminelles.
Depuis ce jour, le Maroc a permis le démantèlement et l’arrestation de plusieurs dizaines de terroristes et de leurs cellules dormantes évitant ainsi à des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les USA et le Canada des attentats planifiés dans l’ombre qui auraient pu causer de graves dégâts. Ce qui fait de l’expertise marocaine dans ce domaine l’une des plus performantes et efficaces dans le monde poussant des services étrangers à collaborer avec les services marocains pour cibler et dénicher les groupes de l’ombre et les loups solitaires essaimés un peu partout aujourd’hui, non seulement dans des zones de combat où Daech et ce qui reste d’Al Qaïda s’active, mais ailleurs où d’autres sous-groupes trouvent des bailleurs de fonds et des «cerveaux» pour financer leurs actions terroristes. Pour avoir une idée sur la somme considérable du travail effectué par les services de sécurité marocains, il faut retenir ce chiffre : depuis 2002, la police marocaine a démantelé plus de 2.000 cellules terroristes et interpellé plus de 3.500 personnes dans le cadre d'affaires liées au terrorisme.
D’ailleurs, la DGSN fait état de ces coups de filet tout au long de l’année débusquant des cellules dormantes ou neutralisant des individus avant qu’ils ne passent à l’acte.
Cette efficacité sur le terrain des opérations découle d’un travail de fond mis en place par les autorités marocaines depuis les années 90 du siècle dernier, avec l’engagement de plusieurs Marocains dans la guerre en Afghanistan ou ailleurs en Tchétchénie et en ex-Yougoslavie avant les attentats du 11 septembre à New York en 2001 qui ont été l’allume-gaz d’une série d’attaques un peu partout dans le monde, touchant également le Maroc en 2003 avant de frapper l’Espagne en 2004, impliquant des activistes marocains, dont la majorité a été formée à l’étranger, en France, en Belgique, aux Pays-Bas, en Espagne ou en Allemagne.
Aujourd’hui, vingt ans plus tard, les leçons tirées de cette page noire de l’Histoire récente du Maroc a permis de réfléchir la religion sous d’autres angles, avec de nouveaux paradigmes mettant en valeur la tolérance et la modération refusant toute radicalisation et toute démagogie politique ou politicienne se servant de la religion comme moyen de manipulation et d’instrumentalisation.