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8 mars : Les droits des femmes en équation

8 mars : Les droits des femmes en équation

 
La conférence initiée par le Conseil national de la presse (CNP) et organisée en collaboration avec Finances News Hebdo,  sous la thématique de la place de la femme dans les médias nationaux, a posé de nombreuses questions et apporté plusieurs pistes de lecture autour de la question de la représentativité de la femme dans tous les domaines de la vie dans notre pays. 
 
 
La femme et les médias, c’est une vieille histoire d’amour et de conflit. Depuis plusieurs décennies, la femme marocaine a gagné sa place au sein de la famille des médias et de la presse, dans toutes ses ramifications et toutes ses manifestations. Pourtant, cette forteresse considérée comme la chasse gardée des hommes a vite cédé devant l’opiniâtreté et la détermination de plusieurs figures, aujourd’hui incontournables du paysage médiatique et audiovisuel. Cela s’est gagné par l’abnégation, par l’acharnement, par la volonté d’agir en actrices dans une société à la fois machiste et archaïque malgré tous les slogans sur la modernité et le changement des mentalités. 
 
Dans ce sens, le regard de la société a dû plier devant l’acharnement de toutes ces femmes qui luttent au quotidien pour arracher leurs droits, pour imposer leur indépendance et leur liberté, et ce malgré les résistances au sein d’une société aux discours anachroniques. Ce regard de la société a également changé grâce à toutes ces grandes réalisations menées par des femmes qui se sentent investies d’une noble mission au sein de leur société. Elles savent qu’elles doivent donner l’exemple, qu’elles doivent baliser la voie à d’autres femmes qui ont besoin à la fois d’émulation et de réalisations concrètes sur lesquelles elles peuvent, elles aussi, à leur tour, construire des assises mobiles pour l’avenir.
 
Sur un autre niveau, il faut aussi lever le voile sur l’invasion de la médiocrité qui enfonce davantage la situation de la femme au Maroc. C’est là un combat de tous les instants pour éviter les amalgames et le mélange des genres au sein d’une société qui avance à plusieurs vitesses, parfois en faisant la part belle à tout ce qui dessert l’image de la femme, souvent présentée comme objet et comme marchandise. 
 
Il faut également insister sur le fait que la résistance des archaïsmes pose un frein à toutes les avancées réalisées par les femmes au Maroc. Malgré les apparences, nous sommes obligés de faire ce constat affligeant face à la représentativité de la femme dans de nombreux domaines de la vie marocaine, à la fois en politique, en économie, sur le plan social, culturel et idéologique également, puisque les portes demeurent closes face aux compétences féminines, face aux idées novatrices qui font de la femme un réel acteur à tous les niveaux du projet de société voulu par le Maroc et les Marocains. 
 
Reste également la question de l’hypocrisie sociale qui pénalise ce beau projet de société pour lequel de très nombreuses femmes se sont battues et ont consenti de grands sacrifices afin de baliser le chemin aux générations futures.
 
Pourtant, nous buttons en continu face à l’hypocrisie sociale qui refuse à la femme tous ses acquis, fruit d’une longue marche et d’un combat virulent face aux idéologies morbides et aux héritages éculés qui n’ont plus droit de cité dans un pays qui se dit résolument tourné vers l’avenir, un avenir qui ne peut s’écrire qu’avec l’apport considérable de la femme, de toutes les femmes marocaines, toutes couches sociales confondues. 
 
Il faut également souligner un point capital quand il est question de la lutte des femmes pour arracher leurs droits. La femme demeure, malheureusement, la meilleure ennemie de la femme. C’est la femme qui est la première à pointer du doigt les réalisations des autres femmes.
 
C’est elle qui abonde dans le sens des idées machistes qui veulent museler les femmes et éteindre cette flamme qui les anime. C’est aussi la femme qui critique violemment les choix divers d’autres femmes qui ouvrent des portes et créent, par leur courage et les risques qu’elles assument, d’autres possibilités de s’émanciper du joug masculin et patriarcal et de donner corps à leurs rêves multiples. 
 
La femme telle qu’elle est traitée dans les médias marocains aujourd’hui, reste toujours marginalisée, quoi que puissent être ses réussites et ses exploits. C’est comme s’il y avait un consensus tacite entre tous pour lui donner le peu de visibilité possible dans une volonté certaine d’oblitérer tout le travail qu’elle abat, souvent beaucoup plus important que celui des hommes, qui ont tous les médias de leur côté. Il suffit de parcourir nos journaux, il suffit de feuilleter nos magazines et de suivre notre paysage audiovisuel, pour se rendre compte que les femmes n’y jouissent pas de toute la visibilité et le soutien qu’elles méritent. 
 
La question de la visibilité ne sera réglée que si les médias et toute la profession du journalisme se résolvent à cette évidence pourtant criarde : la femme marocaine travaille avec sérieux, elle s’applique dans ce qu’elle entreprend, elle est intolérante à l’échec et elle est toujours consciente qu’il lui faut aller au-delà des préjugés pour que ses réalisations soient valorisées.
 
Il nous faut faire table rase des idées passéistes et accepter cette réalité qui s’impose d’elle-même : la société a besoin des femmes, de toutes les femmes, et on ne peut faire société en continuant à vivre au XXIème siècle en pensant comme au Moyen-Âge.
 
Ce qui est paradoxalement le cas non seulement dans notre pays, en Afrique et dans ce monde arabe schizophrène, mais c’est, malgré les liftings de façade, le cas même au sein de ces sociétés dites développées. C’est dire tout le chemin qui reste à parcourir et tous les défis qu’il nous faut encore relever.
 
 
 
Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste
 
 

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