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Maroc : Plus d’un tiers des citoyens se déclarent « non-religieux », selon le World Values Survey

Maroc : Plus d’un tiers des citoyens se déclarent « non-religieux », selon le World Values Survey

Le Maroc figure parmi les pays africains où la part des citoyens se déclarant « non-religieux » est la plus élevée, selon les dernières données du World Values Survey (WVS).

L’enquête révèle que 35,8% des Marocains s’identifient comme non-religieux, un chiffre qui place le Royaume dans le Top 10 continental et en fait un cas singulier au Maghreb.

En Afrique du Nord, le phénomène de distanciation vis-à-vis de la religion est particulièrement marqué. La Tunisie enregistre 34,9% de non-religieux et 2,2% d’athées, tandis que la Libye atteint 23,3% de non-religieux. En Égypte, ce taux est de 24,7%, mais seuls 0,1% se déclarent ouvertement athées.

Le Maroc se distingue par l’ampleur du chiffre : plus d’un tiers de la population se positionne hors cadre religieux, alors même que l’athéisme déclaré y reste quasi inexistant. Cette distinction illustre une réalité sociale : s’éloigner des pratiques religieuses sans pour autant rompre symboliquement avec l’identité islamique, fortement ancrée dans l’histoire et les institutions du pays.

Depuis des siècles, le Maroc fonde sa légitimité politique et spirituelle sur la figure du Roi, Amir al-Mouminine (Commandeur des croyants). L’Islam reste constitutionnellement au cœur de l’État, et la religion occupe une place centrale dans l’éducation, la vie publique et les rituels sociaux.

Pourtant, les générations urbaines et connectées développent un rapport plus distancié à la pratique religieuse. Casablanca, Rabat ou Marrakech concentrent des jeunes exposés à des modes de vie plus sécularisés, aux débats internationaux sur les libertés individuelles, et à des espaces numériques où s’expriment des voix critiques ou non-conformistes.

Cette fracture est accentuée par la diaspora marocaine en Europe et en Amérique du Nord, qui contribue à importer des débats sur la laïcité, la liberté de conscience et la place de la religion dans la société.

Une Afrique contrastée

Si l’Afrique du Nord connaît une progression notable des identités non-religieuses, la tendance reste marginale en Afrique subsaharienne. Au Nigeria, seulement 5% des citoyens se déclarent non-religieux, malgré la taille démographique du pays. En Éthiopie, ce taux est de 6,7%, en Kenya 7,7%, et au Zimbabwe 3,5%. Le Ghana, souvent présenté comme un des pays les plus religieux du continent, enregistre un taux encore plus faible.

Ces chiffres traduisent une différence culturelle : dans nombre de sociétés subsahariennes, les Églises et mosquées jouent un rôle structurant non seulement spirituel, mais aussi social, économique et politique, rendant la distanciation religieuse plus difficile.

L’écart entre « athée » et « non-religieux » observé dans plusieurs pays africains montre que le rejet explicite de la religion reste rare, en raison des pressions sociales et familiales. Mais la montée du non-religieux suggère une évolution silencieuse des identités, où la foi cesse progressivement d’être le seul prisme de reconnaissance collective.

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