Faisant suite à l’évolution de l’affaire Omar Radi, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a tenu à apporter quelques précisions. Les détails.
«Dans le cadre du suivi du dossier de notre confrère Omar Radi, détenu sur la base d’une double enquête des autorités judiciaires, l’une pour une supposée atteinte à la sécurité intérieure de l’État et l’autre relative au présumé viol d’une de ses consœurs; au niveau du SNPM, nous déclarons ce qui suit :
1- Pour rappel, le syndicat a rendu public, en date du 25 juin 2020, un communiqué suite à la convocation de notre confrère par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) après supposée réception de fonds étrangers dans le but de porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État, mais aussi pour contacts avec des agents étrangers. Le SNPM avait alors exprimé sa profonde inquiétude quant à cette affaire, d'une part car défendant le principe de liberté de la presse, de l'autre parce que ledit confrère est visé. À cette occasion, et tout en suivant le déroulement de l’enquête de la BNPJ, le syndicat a insisté sur la nécessité de respecter la présomption d’innocence, d'autant plus que l’accusé était poursuivi en état de liberté.
2- Dans la foulée, en date du 1er juillet 2020, le syndicat a provoqué une rencontre avec Omar Radi, suite au communiqué d’Amnesty International, afin de rassembler des informations sur l’affaire de sa présumée mise sur écoute par la société israélienne NSO.
Au cours de cette rencontre, le syndicat a fait savoir qu’il ne pouvait donner crédit au contenu dudit communiqué, comme à toutes les autres ONG, et a proposé au confrère Omar Radi de remettre son téléphone pour une expertise à des experts mandatés par le syndicat et son représentant personnel pour analyse. Seulement, les évolutions de l'affaire n'ont pas permis de donner suite à cette proposition.
3- À noter, par ailleurs, que le syndicat reste circonspect quant à l’évolution qu’a connue l’affaire concernant une éventuelle réception de fonds provenant de parties étrangères et pouvant porter atteinte à la sécurité intérieure de l’État. Partant, le syndicat informe qu’il continue à suivre le développement de cette affaire devant consacrer le principe de présomption d’innocence et la garantie d'un procès équitable.
4- Quant au deuxième dossier, dans lequel Omar Radi est accusé de viol par une consœur, nous rappelons que le syndicat condamne les crimes de viol, de harcèlement et, de manière générale, toute forme de violence portant atteinte aux droits humains et à la dignité des femmes. Nous appelons à une enquête impartiale, visant à dévoiler la vérité et à garantir les droits des deux parties dans ce dossier.
Dans le respect des principes de droits humains, notamment les droits des femmes en matière de protection de celles-ci contre toute forme de violence et d'attaques. Le SNPM confirme avoir organisé une séance d’audition de la consœur suite à sa demande de soutien.
Par conséquent, nous considérons que toute tentative de pression sur la plaignante en l’accusant de conspirer pour faire inculper Omar Radi est considérée comme une atteinte à son droit d’ester en Justice.
5- Nous condamnons, au sein du SNPM, les discours véhiculés par certains médias étrangers et organisations non gouvernementales qui ont tranché le dossier avant la Justice, bannissant de ce fait le droit à la parole de la plaignante, l’accusant d'être impliquée dans un complot visant Omar Radi.
Des accusations sans fondement légal sont contraires aux principes universels que sont les droits humains, et les droits des femmes en particulier. En émettant un «pré-jugement», on empêche la femme de se défendre contre le viol et les agressions sous prétexte qu'Omar Radi est un «militant politique et des droits humains».
6- Le Syndicat dénonce également la campagne menée contre la plaignante, fait de médias et d'organisations non gouvernementales, qui pratiquent la politique des deux poids deux mesures. Si le droit des victimes de crimes sexuels est respecté dans leurs pays, et même dans des affaires prescrites, lorsqu'il s'agit d'une femme marocaine, ce principe est bafoué au simple motif que l'accusé est un «militant politique et des droits de l'homme».
7 - En conséquence, le syndicat annonce qu'il continuera à suivre le dossier d'Omar Radi, en vue de défendre tous ses droits, garantis par la loi et par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, tout en confirmant sa position relative à la défense du droit de la plaignante d'ester en justice».