L’affaire de la fillette de Tiflet continue de faire couler beaucoup d’encre. Après un verdict rendu en première instance jugé «injuste», moult voix se sont élevées afin de dénoncer le laxisme et la clémence de la justice marocaine.
A peine âgée de 11 ans au moment des faits, Sanae, victime d’un viol collectif et aujourd’hui mère d’un enfant, a, malgré elle, vu son innocence voler en éclats. La pilule devient plus dure à avaler lorsqu’en mars dernier les auteurs de ce crime «ignoble» sont condamnés à des peines légères.
En effet, la Chambre criminelle de première instance avait condamné les accusés pour les charges qui leur sont reprochées. Le premier accusé avait été condamné à deux ans de prison ferme et les deux autres à 18 mois ferme, pour «détournement de mineure» et «attentat à la pudeur sur mineure avec violence entraînant une défloration».
Colère et indignation, tels ont été les sentiments ressentis par les citoyens marocains, le corps associatif et la société civile à la prononciation du premier verdict. Plus de 10.000 personnes ont signé la pétition «Arrêtons les crimes contre les femmes et les enfants» dans laquelle ils réclament la réouverture du procès et la révision des peines prononcées à l’encontre des trois violeurs.
Au bout du compte, justice a été rendue. La Cour d'appel de Rabat a prononcé, dans la nuit de jeudi à vendredi, des peines allant de 20 à 10 ans de prison ferme contre les trois accusés dans l'affaire du viol de la mineure, Sana, dans la périphérie de la ville de Tiflet.
Le tribunal a condamné le premier accusé (A.D.) à 20 ans de prison ferme. Les deux autres prévenus (Y.Z.) et (K.A.) ont été condamnés à des peines de 10 ans de prison ferme chacun.
Le tribunal a également ordonné au premier accusé de verser à la partie civile une indemnité de 60.000 dirhams, et de 40.000 dirhams à chacun des deux autres accusés.
Par ailleurs, plusieurs militants et activistes des droits de l’homme appellent à un durcissement des jugements prononcés dans ce genre d’affaires. Le but étant de protéger les enfants de la violence dans toutes ses formes, particulièrement celle à caractère sexuel, notamment à travers la révision des textes législatifs conformément aux conventions internationales ratifiées en la matière.