J’allais passer mon premier Aïd au Maroc. La fameuse «fête du mouton».
Pour des étudiants désargentés, il n’était guère question d’égorger un mouton.
Tous mes amis étaient invités chez leurs potes marocains. Je devais donc passer l’Aïd seul.
Cela ne me gênait point, mais je regrettais déjà toute cette euphorie et l’ambiance précédant le jour de cette fête au Sénégal.
Et surtout les délicieux mets que l’on préparait à la maison.
Je choisis donc de me régaler à ma manière, avec l’incontournable poulet. Avais-je le choix ? Evidemment non.
L’idée de pouvoir déguster un poulet rôti entier tout seul, accompagné d’un peu de frites et d’un Coca bien frais, me réjouissait déjà.
C’était quelque chose d’assez flatteur pour moi, étant habitué à partager un demi-poulet avec cinq autres gaillards.
Après la prière, je me suis retrouvé dans un appartement vide; tout le monde était parti.
Je pris alors d’assaut la cuisine. Je n’étais guère doué à l’époque, mais je pus préparer quelque chose de mangeable… Un vrai régal !
Je m’attendais toutefois à ce que nos voisins, avec lesquels nous entretenions de bonnes relations, sonnent à la porte pour me tendre un plateau garni de viande.
Que dalle ! Je n’ai rien reçu.
Nous n’étions pas au Sénégal. Car, là-bas, les habitudes sont autres, foncièrement différentes.
Le mouton égorgé est distribué, le jour même, aux voisins, à la famille, ainsi qu’aux amis avec lesquels on a des relations particulières.
Et entre les grillades du matin et le déjeuner, il restait à peine le quart du mouton en fin de journée.
(A suivre)
D. W.