Destination : la cité des «cheminots», sur le boulevard Moulay Ismail. Le trajet dura à peine 10 mn.
Ma première impression n’était pas top, car je fus accueilli par une odeur pestilentielle assez insupportable.
On me fit alors savoir qu’elle émanait des nombreuses usines juste en face du quartier.
Apparemment, les habitants avaient réussi à «dompter» cette puanteur. Du moins, quand ils étaient dehors.
Car, de tous les appartements, aucun n’avait les volets ouverts.
Dans le nôtre, toutes les lumières étaient forcément allumées. Je découvris un petit appartement assez propre, mais dont le couloir qui donnait sur la porte d’entrée, avec son 1,20 m de largeur, laissait une forte sensation d’étroitesse.
Tout était aligné : à droite, deux chambres, dont l’une faisait auparavant office de salon; à gauche, une douche, suivie d’une cuisine.
Au bout de ce couloir long d’une douzaine de mètres, un débarras où il y avait des affaires du bailleur, une chambre et, juste à côté, une salle de bain.
Voilà pour la visite guidée.
Il fallait que je m’adapte vite à cet environnement où vivaient 6 gros gaillards.
Oui, nous étions deux par chambre. Des chambres assez austères où il y avait le strict nécessaire : un matelas posé à même le seul, une penderie pour les habits et une table pour étudier.
Il fallait bien. On ne pouvait se permettre aucune dépense superflue.
Nous étions tous dans des écoles supérieures privées grâce aux sacrifices de nos parents.
Les mieux lotis recevaient à cette époque entre 1.300 et 1.500 DH par mois, avec lesquels il fallait payer le loyer, se nourrir, payer le transport, acheter des livres, s’habiller…
Et pour beaucoup d’étudiants qui sont arrivés au Maroc en 1993, l’année scolaire 1994-1995 était la dernière.
Car, en janvier 1994, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de la zone Franc décidaient de dévaluer de 50% la parité du franc CFA par rapport au franc français.
Un coup dur qui allait contraindre beaucoup d’étudiants à retourner prématurément dans leur pays.
(A suivre).
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D. W.