Je pris rapidement mes repères au sein de cet appart exigu.
Etant tous sénégalais, c’était a priori facile de s’entendre, d’autant que j’avais trouvé une organisation bien en place.
Cotisation pour la bouffe chaque mois, ménage et cuisine à tour de rôle et chacun se débrouillait pour laver ses vêtements.
Je découvris ainsi les réalités de la colocation.
Ce jour-là, le soir venu, je fis un tour au bureau de tabac, accompagné de mon ami et «tuteur», histoire de me payer des clopes.
Celles que je fume coûtaient à l’époque 22 DH; elles valent actuellement 35 DH !
Dans la rue, nous étions étrangement seuls. La cité était déserte, «hantée» par quelques chiens et chats errants.
C’était pire qu’un jour de deuil national. Il n’était que 20 heures pourtant en ce 21 octobre 1994.
J’imaginais mal comment tout le monde se terrait chez lui à pareille heure.
On me fit alors comprendre que les Marocains sont des couche-tôt, contrairement à nous autres Subsahariens.
Nous avons importé nos habitudes au Maroc : comme le dit le proverbe, «le léopard ne se déplace pas sans ses taches».
D’ailleurs, les quelques rares personnes qui traînaient encore dehors étaient des «Azzis», un mot que j’allais découvrir plus tard, quelques jours seulement après mon arrivée.
Nous étions assez nombreux dans ce quartier où se retrouvaient des étudiants subsahariens de toutes nationalités, attirés par la modestie des loyers.
La ferveur de Dakar me manquait déjà.
Moi qui aimais vadrouiller, surtout le soir, je sentais que mes premiers jours dans ce pays risquaient d’être compliqués.
(A suivre)
D. W.
