Après l’annonce de la levée de certaines restrictions liées à la pandémie de la Covid-19 au Maroc, beaucoup pensent que c’est fini et que le retour à une vie «normale» est possible. Une erreur fatale à ne pas faire pour de nombreuses raisons, avec en tête l’apparition d’autres variants et surtout l’approche de la saison hivernale, avec les grippes saisonnières couplées au coronavirus, pouvant faire beaucoup de dégâts et de victimes.
Le couvre-feu en vigueur depuis le début de la pandémie en 2020, et qui est passé de 18h à 20h, puis à 23h, a été levé au Maroc le 21 octobre dernier en raison de l’amélioration de la situation épidémiologique et suite aux résultats positifs réalisés dans le cadre de la campagne nationale de vaccination.
La vaccination, qui a touché plus de 24 millions de Marocains, donne aujourd’hui plus de visibilité aux autorités sanitaires. En effet, les infections ont chuté de 33% sur la période allant du 25 octobre au 8 novembre, avec 1.251 cas enregistrés durant toute une semaine. Ce qui est le bilan hebdomadaire le plus bas depuis plus de cinq mois au Maroc.
Ceci dit, il faut garder présent à l’esprit que presque 950.000 cas ont été enregistrés au Maroc, dont plus de 14.700 décès, depuis le début de la pandémie en mars 2020.
Les autorités de tutelle insistent sur la baisse des cas positifs, pour la 4ème semaine d’affilée, avec moins de 25 cas pour 100.000 habitants. Sans oublier le taux de reproduction du virus (R0) qui a également reculé pour se maintenir sous la barre de 1. À ceci s’ajoute le fait que les cas graves ou critiques de la Covid-19 au Maroc ont connu, également, une baisse de 30% au cours des dernières semaines. Ce sont là des données très encourageantes qui justifient cet allègement des mesures. Ce qui ne veut en aucun cas dire que la pandémie est derrière nous et que nous avons pris le dessus sur le coronavirus. C’est là une erreur à ne pas commettre pour ne pas répéter les mêmes erreurs du passé, notamment le relâchement des citoyens, dont certains font fi des mesures élémentaires de sécurité comme le port obligatoire du masque, le respect de la distanciation physique avec les autres et l’observation stricte d’une hygiène sans failles.
Attention au relâchement !
Si les indicateurs sont au vert concernant les chiffres de la Covid-19 depuis quelques semaines au Maroc, sur le terrain, de nombreux citoyens jouent à la roulette russe. Il y a d’abord ceux qui refusent de se faire vacciner. Ils avancent comme argument que le vaccin est dangereux pour leur santé. Comment le savent-ils ? Quels spécialistes marocains ont travaillé là-dessus pour nous dire que l’on peut «mourir à cause du vaccin», comme on peut le lire sur les réseaux sociaux, à grand renfort de fake news et autres déformations des informations ?
A côté, il y a tous ceux qui crient au «complot mondial» pour décimer des millions de gens. Pour quel motif ? A quelle fin ? Comment peut-on jouer avec le feu sur la base de théories fumeuses et complotistes qui n’apportent aucun argument fiable et vérifiable ?
Sans parler de tous ceux qui font l’amalgame entre libertés individuelles et pass vaccinal, donnant dans une littérature sans fondements aucun.
Dans cette configuration, de nombreux Marocains ont balayé d’un simple revers de la main le port du masque. Il suffit de marcher une heure dans les rues d’une ville comme Casablanca pour se rendre compte des mauvaises interprétations des uns et des autres face à cet allègement des mesures sanitaires, qui est pris comme la fin de la pandémie par des citoyens qui disent que puisqu’ils «sont vaccinés, ils ne risquent plus rien». C’est faux et archi-faux. Aucune étude mondiale ou locale n’affirme que les personnes vaccinées peuvent vivre sans observer les règles de base de protection et sont déjà immunisées contre le virus. C’est là une erreur qui peut s’avérer fatale. Vacciné ou pas, il faut porter son masque, nous disent les autorités sanitaires, qui insistent sur le respect de la distance en vigueur entre les individus et sur le respect strict des règles d’hygiène pour éviter la contamination.
Peine perdue, puisque de très nombreux marocains s’agglutinent les uns sur les autres dans les cafés sans masque. C’est le même spectacle désolant dans les transports en commun, dans les marchés, dans les supermarchés, dans les salles de sport, dans certains restaurants, dans les hammams, sans parler des soirées privées et autres mariages. Relâchement total, mépris des mesures de protection, propagation de fausses-vraies informations, le tout dans un flou total qui peut s’avérer fatal à l’approche de l’hiver et de la saison de la grippe.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste