Dans ce sens, les présidents des groupes parlementaires de la majorité et de l’opposition à la Chambre des représentants se sont réunis, le 11 juillet 2024, avec des membres de la commission nationale des étudiants. L’objectif affiché étant de trouver un terrain d’entente. À l’issue de ces rencontres, aucune solution n’a pu être trouvée. Par contre, les parlementaires ont vu à quel point ce dossier est épineux et grave et ont surtout saisi le pourquoi du comment de ce bras de fer dans lequel les étudiants ne lâchent strictement rien et mettent en échec les deux ministères et le gouvernement.
En effet, devant les présidents des groupes parlementaires de la majorité et de l’opposition, les représentants du comité national des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie ont pris leur temps pour expliquer les détails de cette affaire à des députés qui en ignoraient les fondements et les soubassements. À l’issue de ces discussions, plusieurs députés ont affirmé avoir enfin une vision plus claire de cette affaire qui dure depuis le 20 décembre 2023. Ils sont presque unanimes à dire que ce dossier est très complexe et nécessite un réel travail de fond pour trouver une solution logique, rationnelle et surtout viable pour les étudiants. «Les députés n’avaient aucune idée, par exemple, de l'existence de trois cahiers de normes pédagogiques. Un premier pour les étudiants de la première à la 5e année et qui ne prévoit que 3.900 heures de formation, suite à la suppression de la septième année de formation, un deuxième pour les étudiants de la sixième et la septième année et qui prévoit un volume de formation de 4.500 heures et, enfin, un troisième qui entrera en vigueur lors de la prochaine rentrée universitaire et qui prévoit un temps de formation de 4.800 heures», précise l’un des députés présent lors de cette rencontre du 11 juillet 2024. Une fois les dessous des cartes dévoilés et analysés, les étudiants ont exprimé leur engagement et leur détermination d’aller au bout de leurs revendications sans rien céder de ce qu’ils considèrent comme leurs droits.
Selon un autre député : «les étudiants ont réitéré leur revendication principale relative au maintien de la septième année de formation, car ils demeurent convaincus que sa suppression impacte la qualité de la formation». Sans oublier que lors de ces mêmes discussions, les étudiants ont insisté sur un autre point clef de leurs revendications, à savoir «l’amélioration de l’offre gouvernementale pour former des cadres compétents capables d’être au niveau des attentes des citoyens».
C’est là le point nodal de toute cette inextricable affaire : la qualité des formations et la mise sur le marché du travail de véritables compétences nationales, capables d’offrir aux Marocains des soins dignes de ce nom, pour rompre avec les pratiques actuelles qui ont droit de cité dans plusieurs CHU du pays et des centres hospitaliers où la qualité des soins laisse à désirer. Et ce, malgré les alertes répétées des citoyens, les reportages de plusieurs médias nationaux, in situ, qui montrent à quel point les unités des urgences sont délabrées et combien les jeunes stagiaires sont souvent livrés à eux-mêmes, dans les couloirs des hôpitaux, sans moyens et sans interlocuteurs pour les aider à répondre aux attentes des malades, qui n’ont d’autres recours que les unités publiques pour se faire soigner.
C’est dans ce sens que plusieurs députés présents lors de cette rencontre ont tenu à ce que cette situation dramatique des hôpitaux marocains doit être traitée en urgence ainsi que le rôle que doivent y jouer les nouveaux diplômés pour être au chevet des populations qui pâtissent encore et toujours du manque et de la qualité des soins. Il faut ici rappeler que cette rencontre a eu lieu un jour seulement après la réunion conjointe tenue entre la Commission des secteurs sociaux et la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants pour se pencher sur la situation dans les Facultés de médecine et de pharmacie.
Lors de cette rencontre, Abdellatif Miraoui et Khalid Aït Taleb, respectivement ministre de l’Enseignement supérieur, et ministre de la Santé, avaient annoncé que l’offre présentée par le gouvernement aux étudiants était «exceptionnelle» et répondait à la plupart de leurs revendications. Mais pour les étudiants, les principaux points problématiques ne sont pas traités, notamment le rétablissement de la formation sur 7 ans et la réhabilitation des étudiants sanctionnés ou exclus en raison de leur participation aux mouvements de protestation.