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Exposition des enfants aux écrans : Une spirale périlleuse

Exposition des enfants aux écrans : Une spirale périlleuse

Troubles du sommeil, anxiété, insociabilité…tant de risques que peuvent encourir les enfants en cas d’une exposition excessive et non encadrée aux écrans.   

 

Par : M. Boukhari 

De nos jours, nombreux sont les parents qui ont adopté la «fâcheuse» habitude de mettre leurs enfants devant un écran en guise de récompense, pour céder à un caprice ou calmer une crise de larmes. Si ces derniers pensent que ce réflexe est sans danger sur la santé de leurs bambins, le constat dressé par une récente étude américaine devrait sans nul doute leur mettre la puce à l’oreille. 

En effet, ladite étude ayant inclus 422 parents et 422 enfants âgés de 3 à 5 ans a révélé que l’utilisation d’appareils mobiles pour calmer un jeune enfant peut sembler être un outil inoffensif mais il peut y avoir des conséquences à long terme, notamment une dysrégulation émotionnelle, s’il s’agit d’une stratégie d’apaisement habituelle. Les signes d’une dysrégulation accrue peuvent inclure des changements rapides entre la tristesse et l’excitation, un changement soudain d’humeur ou des sentiments et une impulsivité accrue, ajoute la même source. 

Pour Ghizlane Ziad, psychologue clinicienne spécialisée en clinique pathologie et clinique sociale, l’utilisation fréquente des écrans chez les jeunes enfants est une activité passive et solitaire qui ne permet pas de développer les capacités d’empathie nécessaires à la vie en communauté. «Cela entraîne des difficultés de sociabilité car l’enfant a peu l’occasion d’expérimenter les relations avec ses pairs et n’acquiert pas les codes sociaux. On observe également une augmentation de l'anxiété, des troubles dépressifs et du risque suicidaire chez les enfants surexposés. Des troubles du sommeil sont également à noter, notamment des cauchemars car les contenus visionnés n’ont pas été correctement digérés et assimilés. Une banalisation de la violence peut également entraîner des troubles agressifs car l’enfant n’a pas la maturité suffisante pour distinguer le virtuel du réel», explique-t-elle. 

Mais ce n’est pas tout ! La spécialiste estime que l’utilisation des écrans chez les jeunes enfants constitue un réel frein au développement cérébral ainsi qu’à l’acquisition des compétences fondamentales. «Un enfant, seul face à un écran, se retrouve dans une position passive où il reçoit des informations, sans avoir l’occasion d’en faire quoi que ce soit. Le fait qu’il n’y ait pas d’interaction triple le risque de développer des troubles du langage, double le risque de développer un trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)et entraîne des troubles de la mémorisation. En outre, la sédentarité due aux écrans dès 2 ans peut entraîner de l’obésité et des fragilités cardiovasculaires».

Pareillement, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a, à moult reprises, recommandé de ne pas exposer les enfants aux écrans avant l’âge de 2 ans en vue de les protéger des menaces y afférentes. 

Il existe un ensemble de mesures à prendre par les parents afin de tracer les limites de l’utilisation des écrans par leurs enfants. Pour les enfants déjà habitués aux écrans, Ghizlane Ziad affirme qu’il est possible de modifier leur consommation. L’accès à l’écran peut alors devenir un moyen d’accéder à du contenu et non pas une finalité en soi.

«Ainsi, l'enfant peut par exemple, avec l’aide du ou des parents, chercher un coloriage à imprimer, une activité de bricolage ou une recette de cuisine à réaliser. L’idée étant que l’enfant ne soit pas seul, abandonné, face à un écran mais que ce dernier permette justement un moment de partage, d’expérimentation et de communication», suggère-t-elle. 

Et d’ajouter : «Ne prendre que le contenu audio peut également être un bon compromis. Ainsi, l’enfant pourra écouter une histoire (sans regarder l’écran), ce qui fera travailler son imagination et ses capacités de visualisation. Discuter de l’histoire avec l’enfant, dans l’après-coup est indispensable car cela lui permettra d’exprimer ses ressentis, ses goûts et développer sa personnalité et son esprit critique».

Outre, les activités impliquant un écran, la spécialiste juge nécessaire de privilégier les activités créatives où l’enfant va non seulement «créer des choses (avec de la pâte à modeler par exemple) mais également affiner sa motricité et l’agilité de ses doigts, ce qui lui servira plus tard lors de l’acquisition de l’écriture», dit-t-elle. 

Au Maroc, ce sont près de 9 enfants sur dix qui utilisent un smartphone et 68% qui disposent même de leur propre appareil. Ces chiffres, pour le moins surprenants, ont été dévoilés par une récente enquête publiée par la société internationale de cybersécurité Kaspersky. L’échantillon étudié est composé de 1.131 parents marocains, dont 52% de femmes et 48% d’hommes.

 

 

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