Si les femmes parviennent actuellement tant bien que mal à accéder à des postes de responsabilité, il n’en demeure pas moins qu’elles restent confrontées à des défis d’ordre culturel et social les empêchant de s’épanouir pleinement.
Une prise de conscience s’opère toutefois au niveau de la fonction publique, où le taux de féminisation a enregistré une nette progression.
Par M. Boukhari
Dans la fonction publique, la gente féminine semble gravir les échelons doucement mais sûrement, à en croire les dernières statistiques du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’Administration. Cela fait maintenant plus de 5 ans que le ministère de tutelle a mis en place la stratégie institutionnelle de l’égalité des sexes dans la fonction publique, avec pour objectif principal d’améliorer la représentativité des femmes au niveau des institutions étatiques.
C’est désormais chose faite, puisqu’en 2022 le taux de féminisation a atteint 41,22% contre 39,7% en 2016. En ce qui concerne le taux des femmes cadres au sein de l’administration publique, il a atteint 85,44% en 2022, soit une évolution soutenue par rapport à 2016 où il se situait à 76%. Pour Najat Anwar, militante associative, l’insertion des femmes sur le marché du travail est un processus long, mais qui requiert une mobilisation générale de la part de nos décideurs politiques.
«Il est effectivement intéressant de comparer la participation des femmes sur le marché du travail au Maroc entre 2018 (21,6 %) et 2022 (41,22%). Bien qu'il y ait eu des efforts déployés dans ce sens, il est vrai que l'atteinte de l'égalité espérée prend du temps. Si l'on remonte à la période de 2004, où la participation était de 26,3%, il est préoccupant de constater un recul au fil des années», expliquet-elle. Et de poursuivre : «Cela souligne l'importance continue de travailler sur des politiques et des initiatives visant à encourager la participation économique des femmes et à lutter contre les obstacles qui persistent. L'objectif ultime doit être de parvenir à une société où les femmes et les hommes ont des opportunités égales sur le marché du travail».
Des défis persistants
La ministre Ghita Mezzour est revenue récemment sur les principales réalisations du «Réseau de consultation conjointe entre les ministères», créé en 2010 dans le but d’instaurer la parité et le principe de l’égalité dans l’administration publique. Ledit réseau est composé de représentants de toutes les administrations, chargé de la planification, de la coordination, du soutien, de la surveillance et de l’évaluation des mesures liées à l’institutionnalisation de l’égalité des sexes dans les institutions publiques. Toutefois, il reste encore du chemin à faire, étant donné que les femmes font encore face à bon nombre de challenges découlant principalement de la culture patriarcale qui caractérise notre société.
«Il est vrai que la place des femmes a évolué au fil des années, mais des défis subsistent. Les femmes sont encore confrontées à des préjugés et des discriminations en ce qui concerne leurs compétences professionnelles, malgré leur progression. De plus, la prévalence du harcèlement en milieu du travail est préoccupante, pouvant parfois amener les femmes à quitter leur emploi ou à hésiter à occuper des postes de direction», dixit Najat Anwar. Selon la militante associative, il est essentiel que des mesures soient prises pour mettre fin à la discrimination et au harcèlement en milieu de travail. Et ce, afin de garantir que les femmes puissent continuer à progresser professionnellement sans entraves. Celle-ci considère que l'égalité des chances et l'accès aux postes de direction doivent être des objectifs clés pour assurer une véritable égalité des sexes dans le monde professionnel.
Parité et méritocratie
Le département de Ghita Mezzour a, en étroite collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour les femmes, élaboré une «stratégie institutionnelle d’approche de genre dans la fonction publique» visant à garantir un accès équitable à tous les employés de la fonction publique, femmes et hommes, aux opportunités de travail, tout en leur permettant une évolution de carrière. «Le gouvernement devrait favoriser le développement des compétences professionnelles et académiques des femmes. La lutte contre la discrimination et le harcèlement est cruciale pour garantir un environnement de travail équitable», renchérit Najat Anwar.
D’après elle, la sélection des femmes pour des postes de direction devrait se baser sur leurs compétences et leurs mérites, plutôt que sur des stéréotypes de genre dépassés. «Il est primordial de promouvoir une vision moderne qui reconnaît le potentiel des femmes dans toutes les sphères de la société, et cela est également étayé par des preuves religieuses montrant leur capacité à participer à divers domaines. En encourageant l'égalité des sexes et en éliminant les obstacles à la carrière des femmes, la société peut progresser vers une meilleure représentation et un meilleur traitement des femmes dans toutes les professions et niveaux de responsabilité», insiste la militante associative.