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Hépatite aiguë d’étiologie inconnue : La piste des adénovirus privilégiée

Hépatite aiguë d’étiologie inconnue : La piste des adénovirus privilégiée

Hépatite aiguë d’origine inconnue : voilà une pathologie qui donne le tournis aux scientifiques, surtout après un premier décès noté par l'Organisation mondiale de la santé.


L’organisation onusienne a publié le 23 avril un nouveau rapport, signalant que pas moins de 169 cas de cette hépatite d'origine inconnue ont été répertoriés dans le monde. 114 cas sont signalés uniquement au Royaume-Uni et les patients sont tous âgés de moins de 16 ans.
Cependant, une nouvelle donne s’ajoute, à savoir que sur les 169 cas rapportés, 17 ont nécessité une transplantation de foie. Ce qui n’est pas anodin. 
    
Plusieurs pistes sur l’origine de cette hépatite sont explorées par l'OMS. L'adénovirus, une famille de virus très courants chez les enfants, a été détecté dans pas moins de 74 des cas rapportés. «Les hépatites aiguës se manifestent généralement chez les adultes, mais  rarement chez les enfants. Elles sont dues à des virus, «des hépatites virales» médicamenteuses ou toxiques.

Or, chez les enfants touchés par cette hépatite sans origine, les analyses ont exclu des hépatites virales de type A, B, C, D et E dans tous les cas. Du coup, ce ne sont pas des hépatites virales qu’on connaît habituellement. Bien évidemment, il y a d’autres pistes à explorer; cela peut être des hépatites toxiques, généralement après une prise de médicament ou produits chimiques. Mais les analyses épidémiologiques des différents cas ne montrent pas de liens ou d’explications qui vont dans ce sens. Ainsi, le profil épidémiologique est en faveur d’une hépatite virale, mais on ne connaît pas jusqu'à présent le virus responsable. Du coup, on suspecte les adénovirus», précise le Dr. Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et systèmes de santé.

Les enfants atteints par cette infection du foie d’origine inconnue, présentaient des symptômes graves, notamment une jaunisse, des diarrhées accompagnées de vomissement, incluant des douleurs abdominales intenses. Une hospitalisation est parfois nécessaire.  

«En Ecosse et au Royaume-Uni, les autorités sanitaires avaient remarqué une recrudescence des infections par adénovirus chez les enfants. Pratiquement, la moitié de ces enfants qui ont fait cette hépatite aiguë ont été testés positifs à l’adénovirus. Cette dernière est répandue chez les enfants, surtout en hiver et au printemps. Elle entraîne des infections plutôt bénignes comme une bronchite, une gastro-entérite, une infection urinaire ou encore une conjonctivite. Mais parfois, exceptionnellement, quand les adénovirus touchent des enfants immunodéprimés, cela donne des infections encore plus graves. C’est rare, mais ça existe. Dans ce cas de figure, cela peut engendrer des encéphalites ou des hépatites aiguës. Par contre, les enfants qui sont touchés actuellement étaient tous en bonne santé. L’adénovirus est amplement suspecté, mais la piste d'un autre virus est toujours sur la table ainsi que d'autres causes jusqu'à certitude sur l’étiologie. Il faut savoir qu’il y a plus de 60 variétés d’adénovirus. Actuellement, il y a l’adénovirus 41 qui est fortement soupçonné», poursuit Dr Hamdi. 

Cependant, l’OMS estime qu’une telle contamination, qui a fait au minimum un mort, n’explique pas entièrement la gravité du tableau clinique. La pandémie a-t-elle un rôle dans l’apparition de cette hépatite d’origine inconnue ? Trois hypothèses sont donc mises en avant par l’OMS. 

«Effectivement, la première hypothèse s’appuie sur l’apparition d’une nouvelle variante d’adénovirus, car généralement ce virus entraîne des vomissements, des rhumes ou des conjonctivites, mais rarement des hépatites. Par conséquent, un adénovirus émergent est une option. La deuxième supposition est que la complexité de ce nouvel adénovirus pourrait également s’expliquer par une co-infection par le SARS-CoV-2. D’ailleurs, cette piste est sérieusement étudiée, puisqu’une corrélation avec le Sars-CoV-2 est possible.

Et enfin, le troisième point soulevé concerne les confinements successifs qui ont dû entraîner une sous-exposition aux adénovirus. C’est-à-dire que la pandémie de la Covid-19 a pu affaiblir les défenses immunitaires des enfants, c’est ce qu’on appelle la dette immunitaire. Ainsi, le développement de cette hépatite a été grandement favorisé. En revanche, il faut noter que le lien potentiel avec la vaccination contre le coronavirus a été écarté par l’OMS. Pour la simple raison que la grande majorité des enfants touchés n’a reçu aucune dose de vaccin», conclut Tayeb Hamdi.

I. Zerrouk

OMS

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