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Hommage à Farida Belyazid: Le parcours incroyable d’une grande dame

Hommage à Farida Belyazid: Le parcours incroyable d’une grande dame


 Par Abdelhak Najib 
Écrivain et critique de cinéma 

 
 
La 19ème édition du FIFM a rendu hommage à une grande figure du cinéma marocain, la productrice, scénariste et réalisatrice, Farida Belyazid, le 16 novembre 2022. 
 
C’est une consécration et une reconnaissance pour une dame hors pair. Rendre hommage à Farida Belyazid, c’est faire honneur à une pionnière qui a ouvert la voie du cinéma à d’autres femmes pour aboutir aujourd’hui à cette mouvance cinématographique marocaine portée par de nombreuses jeunes réalisatrices qui se distinguent aujourd’hui un peu partout dans plusieurs festivals à travers le monde. 
 
Recevant son trophée, Farida Belyazid affirme:  «Je suis heureuse de recevoir l’hommage du Festival international du film de Marrakech d’autant plus que l’édition 2022 est comme une renaissance. C’est la consécration de plusieurs années de travail. Aujourd’hui, je suis contente de voir l’évolution de la femme dans le secteur du cinéma au Maroc. Il y a de plus en plus de réalisatrices, de femmes à l’image, au son… et elles sont excellentes.»
 
En effet, pour cette réalisatrice, productrice, scénariste, écrivaine et journaliste marocaine née en 1948 à Tanger, le cinéma est une histoire de passion et d’amour indéfectible. Tout commence pour elle, à Paris en 1970, il y a plus d’un demi-siècle, pour faire des études de lettres et de cinéma à l’Université de Vincennes. Très vite, elle vise plus haut et part finir sa formation à l’École supérieure d’études cinématographiques. La voie est alors déjà tracée. Suivent des stages de cinéma à Paris pour apprendre sur le tas avant de créer sa première maison de production, Kamar Films. Elle est alors la première productrice marocaine. Ce qui va la conduire à produire le film de Jillali Ferhati, JarhaFi-lHâ’it (Une Brèche dans le mur). Farida Belyazid vise juste puisque ce film est sélectionné à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 1978. Premier coup d’éclat. Premier succès. Il faudra alors attendre 1990 pour voir naître sa maison de production, Tingitania, qui produit ses films jusqu’en 2006.
 
Cette aventure avec Jillali Ferhati donne aussi corps à un excellent scénario pour Araïs min kassab (Poupées de roseau), produit en 1981 et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1982. Ce deuxième succès fait d’elle l’une des plus grandes scénaristes marocaines avec la signature de plusieurs films projetés pour d’autres réalisateurs marocains, dont Mohamed Abderrahman Tazi, pour qui elle écrit Badis (1989) et À la Recherche du mari de ma femme (1995). 
 
Puis vint le temps d’écrire pour elle-même. Elle décide de se lancer et de réaliser son premier long métrage, Bâb es-sama’ maftûh  (La Porte sur le ciel) en 1988. Le film est sélectionné dans de nombreux festivals internationaux et fait une carrière assez brillante pour un premier film. 
Elle réalise ensuite au Mali un court documentaire, Aminata Traoré, une femme du Sahel en 1993. 
 
Son second long métrage est intitulé Keid Ensa (Ruses de femmes). Il sort en 1999. Moins bon que le premier, mais il porte toujours les mêmes préoccupations de la réalisatrice. Ensuite, Farida Belyazid va signer Dar elbeïda, yâ dar elbeïda (Casablanca, Casablanca) en 2002 avant de retrouver Tanger pour l’adaptation d’un roman d’Angel Vasquez, La Vida Perra de Juanita de Tanger (Juanita bint Tanja) Juanita de Tanger qui sort en 2006. Il faudra attendre quatre ans pour voir la réalisatrice signer un nouveau projet, cette fois, pour la télévision, avec Secret de famille en 2010. 
 
La suite est caractérisée par des documentaires comme Casaneyda (2007), Houdoudouahoudoud / Frontieras (docu-fiction, 2013) et une série de documentaires financés par la fondation Meziane à fonction muséale de conservation du patrimoine culturel marocain : Tamy Tazi, Créations au fil du temps (2013); une série de dix documentaires sur les danses et les musiques amazighes dans des villages reculés de l’Atlas et/ou du désert (2014-2015); un documentaire sur les Noces Amazighes dans la Vallée d’Anergui (2016).
 
Il lui faut dix ans pour revenir à l’écriture en signant Le scénario de Fatema : La Sultane inoubliable qui est sorti en 2022 pour le réalisateur Mohamed Abderrahman Tazi, une vieille connaissance qu’elle retrouve pour rendre hommage à une écrivaine de choix qui était aussi l’une de ses amies. 
 
Voici donc une carrière bien remplie pour une dame de grande qualité.

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