Il était une fois… C’est ainsi que commencent en général les contes. Comme dans les contes, nous espérions en ce début d’année 2022 que la pandémie liée à la Covid-19 soit un souvenir. Un souvenir dont on parlerait aujourd’hui sans nostalgie aucune. Un épisode de notre vie sur terre qui a été source de souffrances atroces, de déchirements, de polémiques…, avec son lot de morts et de familles brutalement endeuillées, de traumatismes psychologiques, de contradictions et d’errements scientifiques… Une histoire dont on dirait qu’elle est annonciatrice de la désintégration des socles sur lesquels était érigé l’univers multidimensionnel de la mondialisation.
Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous sommes toujours dans la réalité de la pandémie, deux ans après son apparition. Elle tue toujours. Laisse des séquelles indélébiles chez certains patients. Détricote, petit à petit, les mailles qui ont façonné nos sociétés. Nous impose, tout simplement, de vivre autrement. Et, surtout, d’accepter que nos gouvernants fassent entorse à nos libertés individuelles.
Et c’est bien là le problème : de concessions en concessions, de sacrifices en sacrifices, nous en sommes arrivés à tout accepter ou presque, dans un élan de lassitude et de fatalité. Mais l’acceptation a ses limites dictées par la prise de conscience soudaine que, de plus en plus, l’on sert de variable d’ajustement pour juguler la pandémie, parfois au mépris de l’exercice démocratique. Depuis deux ans, nous n’avons plus voix au chapitre. Les autorités marocaines décident tout pour nous : nos déplacements, les loisirs auxquels nous avons droit, l’heure à laquelle nous ne devons plus être dehors… Bref, ils nous ont infantilisés.
En font-elles trop ? Avec le recul, on ne peut que répondre par l’affirmative. Certes, dès le début de la crise sanitaire, le Maroc a su prendre des mesures justes, tant sur les plans sanitaire, économique que social. Des mesures qui ont été largement saluées pour leur pertinence et qui ont permis de réduire les conséquences négatives de cette crise sur la population. La campagne de vaccination réussie s’inscrit dans cette veine.
Sauf que cette pandémie s’éternise. Elle devient marathonienne. Et, de plus en plus, les autorités semblent fatiguées et perdent de leur lucidité, leurs choix devenant de plus en plus contestés et suscitant des réactions épidermiques. La rationalité des décisions qui prévalait avant cède désormais la place à l’arbitraire. L’exercice démocratique est dangereusement court-circuité pour imposer des mesures à des citoyens passablement irrités, mais de plus en plus révoltés face à des autorités qui n’en font plus qu’à leur tête : l’instauration subite du pass vaccinal obligatoire en est l’un des meilleurs exemples.
Conséquence : le préjugé favorable dont jouissait ce gouvernement à sa nomination s’est littéralement érodé. En trois mois seulement, le capital-sympathie s’est mué progressivement en ressentiments prononcés. Un début de législature très poussif, qui renforce davantage la suspicion des citoyens envers nos gouvernants.
Le gouvernement devra donc s’atteler à rattraper le coup en ce début d’année. Car il lui sera difficile de faire passer ses messages sans un rapport de confiance avec la collectivité qui pour 2022 .....souhaite retrouver cette confiance .
F. Ouriaghli