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Journée marocaine de la femme : Héritage et égalité, un débat toujours sensible

Journée marocaine de la femme : Héritage et égalité, un débat toujours sensible

En ce 10 octobre, journée marocaine de la femme, l’égalité entre les sexes est au centre des discussions. Si des avancées indéniables ont été réalisées en matière de droits des femmes dans le Royaume, certaines questions continuent de diviser, à commencer par la parité dans l’héritage.

Selon un récent sondage, plus de 86% des Marocains s’opposent à l’idée de l’égalité entre hommes et femmes dans la transmission des biens familiaux. Ce rejet est particulièrement prononcé en milieu urbain, où 89,2% des répondants affirment rejeter cette réforme, contre 82,8% en milieu rural. Ce chiffre montre l’ampleur des résistances sociétales face à une réforme pourtant soutenue par une partie des acteurs des droits humains.

L’opposition à cette réforme est nettement plus marquée chez les hommes. Près de 92,3% d’entre eux s’opposent à cette égalité, une résistance qui pourrait s’expliquer par des raisons culturelles et religieuses profondément ancrées. Du côté des femmes, la situation est plus nuancée, bien que la majorité reste réfractaire à ce changement. En effet, 81,4% des Marocaines interrogées partagent cette opposition, estimant que la parité dans l’héritage est en contradiction avec des principes religieux et sociétaux établis de longue date.

Ce paradoxe soulève une question essentielle : pourquoi les principales bénéficiaires potentielles d’une telle réforme y sont-elles elles-mêmes opposées ? D’une part, cela reflète sans doute l’empreinte forte des traditions dans la structure familiale marocaine. Les femmes, bien que conscientes des inégalités dans la répartition des biens, semblent s’accommoder d’un système qu’elles jugent plus légitime car fondé sur des valeurs transmises de génération en génération. D’autre part, l’héritage représente plus qu’une simple question de partage matériel. Il touche à la symbolique du rôle de l’homme dans la famille et dans la société, un rôle qui, pour beaucoup, doit rester distinct de celui de la femme.

Quel rôle pour la réforme de la Moudawana?

La question de l’égalité dans l’héritage ne peut être dissociée des discussions en cours autour de la réforme du Code de la famille (Moudawana), adoptée en 2004, et dont une révision est actuellement en préparation. Après six mois de consultations, une première mouture du texte a été remise au Roi Mohammed VI le 30 mars 2024. Cette réforme, très attendue, pourrait bien ouvrir de nouvelles perspectives pour les droits des femmes au Maroc, y compris sur des sujets aussi sensibles que l’héritage. Si la Moudawana a déjà permis des avancées notables en matière de statut personnel, comme l’accès plus facile au divorce pour les femmes ou la limitation du mariage des mineures, la question de l’héritage demeure l’un des derniers bastions à réformer.

Les défenseurs de cette révision estiment qu’il est temps de réconcilier les textes juridiques avec les évolutions sociales du pays. Pourtant, les réticences sont vives, notamment de la part des conservateurs qui considèrent que toute réforme de la Moudawana doit rester en adéquation avec les principes religieux de l’islam. 

Car le cadre religieux qui fonde les règles de l’héritage au Maroc, tout comme dans la plupart des pays musulmans, est profondément enraciné dans les esprits. Et toute tentative de révision des lois en la matière heurte de plein fouet des résistances culturelles, mais aussi religieuses, même parmi celles qui en bénéficieraient.

Bref, en cette journée dédiée à la femme marocaine, ce débat souligne à quel point l’émancipation des femmes ne se limite pas à une série de lois, mais nécessite également une transformation profonde des mentalités. Car au-delà des chiffres, c’est toute la conception du rôle de la femme dans la société marocaine qui est ici en jeu.

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