En France, l'alerte de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) concernant huit traitements anti-rhume, désormais soumis à prescription médicale obligatoire, suscite des interrogations au-delà des frontières.
Si ces médicaments, contenant de la pseudoéphédrine, sont jugés dangereux en raison de leurs effets secondaires graves, qu’en est-il pour le Maroc, où certains de ces produits sont également commercialisés ?
Les autorités sanitaires françaises rendent obligatoires à partir de mercredi la présentation d'une ordonnance en pharmacie pour se voir délivrer huit célèbres traitements anti-rhume largement considérés comme dangereux.
"Au regard d'une part des très nombreuses contre-indications, précautions d'emploi et des effets indésirables connus de la pseudoéphédrine et d'autre part du caractère bénin du rhume", l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) considère que "la possibilité d'obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important aux patients", selon une décision dévoilée mardi.
À ce jour, aucune alerte similaire n’a été émise par les autorités sanitaires marocaines. Les pharmacies continuent de vendre librement ces traitements, et aucune circulaire du ministère de la Santé n’a été diffusée pour interdire leur commercialisation. Les officines marocaines confirment d’ailleurs que ces médicaments restent régulièrement prescrits par les médecins.
Pour autant, l'alerte française pourrait-elle inciter les autorités marocaines à revoir leur position ? Rien n’est moins sûr. Si la décision française intervient après des années de critiques contre les risques cardiovasculaires liés à la pseudoéphédrine, les autorités sanitaires françaises ont dû composer avec les réglementations européennes, qui jugent ces effets secondaires très rares. Ce n’est donc que récemment qu’un consensus national a conduit à cette interdiction, malgré l’absence de décès liés à ces traitements en France.
Bien que l’alerte émise par l’ANSM cible en priorité les Français, elle concerne indirectement les utilisateurs d’autres pays où ces médicaments sont disponibles, comme le Maroc. Les huit traitements incriminés, parmi lesquels Actifed Rhume, Dolirhume, ou Rhinadvil, sont largement consommés pour décongestionner le nez en hiver, une période où les rhumes sont fréquents.
Le timing de cette décision, à quelques semaines de la saison froide, interpelle. Il reflète une volonté de prévention accrue face à des pathologies bénignes mais courantes, tout en limitant l’exposition à des risques jugés disproportionnés par rapport au bénéfice attendu.
Une nécessaire prise de conscience
Pour le Maroc, la situation pourrait évoluer en fonction des retours d’expérience en France. Si les autorités sanitaires marocaines venaient à emboîter le pas à l’ANSM, cela pourrait nécessiter une campagne de sensibilisation auprès des professionnels de santé et du grand public.
En attendant, il revient aux utilisateurs de rester vigilants et d’évaluer, avec leurs médecins ou pharmaciens, la pertinence de ces traitements. Comme le souligne l’ANSM, « le rhume reste une pathologie bénigne », souvent gérable sans recours à des médicaments potentiellement risqués.
La question désormais est de savoir si le Maroc optera pour une mesure similaire ou si une position intermédiaire sera adoptée, par exemple en renforçant les mises en garde sur ces produits. Quoi qu’il en soit, l’alerte française résonne comme un appel à la prudence, rappelant que le bénéfice de certains traitements peut parfois être éclipsé par leurs risques.