Les dirigeants de l’Union européenne, réunis en sommet à Bruxelles, sont parvenus vendredi à un accord sur la question sensible de la gestion des flux migratoires, prévoyant notamment de soutenir les Etats membres ainsi que les pays d'origine et de transit, en particulier le Maroc, pour prévenir la migration illégale.
"Compte tenu de l'accroissement récent des flux en Méditerranée occidentale, l'UE soutiendra, financièrement et par d'autres moyens, tous les efforts consentis par les États membres, en particulier l'Espagne, et les pays d'origine et de transit, en particulier le Maroc, pour prévenir la migration illégale", lit-on dans les conclusions du Conseil européen.
De ces conclusions, adoptées après plus de huit heures de discussion sur ce dossier délicat, l’Italie ayant menacé jeudi soir de bloquer toute négociation des Vingt-huit lors du sommet européen à défaut de solidarité sur les questions migratoires, le Conseil européen rappelle qu'une politique migratoire européenne qui fonctionne "passe nécessairement par une approche globale en matière de migrations, qui associe un contrôle véritablement effectif des frontières extérieures de l'UE, une action extérieure accrue et les aspects intérieurs, conformément à nos principes et valeurs".
"Il s'agit d'un défi non seulement pour un seul État membre, mais aussi pour l'Europe dans son ensemble", note le Conseil représentant les 28 leaders européens qui se disent déterminés à poursuivre et à renforcer cette politique pour empêcher que ne se reproduisent les flux incontrôlés de 2015 et endiguer davantage les migrations illégales sur toutes les routes existantes et émergentes.
En ce qui concerne la route de la Méditerranée centrale, les dirigeants de l'UE conviennent d'intensifier encore les efforts déployés pour lutter contre les passeurs opérant à partir de la Libye ou d'ailleurs.
L'UE continuera à cet égard de "se tenir aux côtés de l'Italie et des autres États membres situés en première ligne" et "renforcera son soutien en faveur de la région du Sahel, des garde-côtes libyens, des communautés côtières et méridionales, de conditions d'accueil humaines, de retours humanitaires volontaires, d'une coopération avec d'autres pays d'origine et de transit, ainsi que de la réinstallation volontaire".
"Tous les navires qui opèrent dans la Méditerranée doivent respecter les lois applicables et ne pas faire obstacle aux opérations des garde-côtes libyens", soulignent les dirigeants européens.
Par ailleurs, afin de "casser définitivement" le modèle économique des passeurs et d'empêcher ainsi des pertes tragiques de vies humaines, ils insistent sur la nécessité de "supprimer l'incitation à entreprendre des voyages périlleux", à travers "une nouvelle approche, fondée sur des actions menées en commun ou de manière complémentaire entre les États membres, à l'égard du débarquement des personnes secourues dans le cadre d'opérations de recherche et de sauvetage".
Dans ce contexte, ils invitent le Conseil représentant les 28 Etats membres de l’UE et la Commission européenne à "examiner sans tarder le concept de plateformes régionales de débarquement", en coopération étroite avec les pays tiers concernés ainsi que le haut-commissariat pour les réfugiés HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Ces plateformes, précisent-ils, devraient fonctionner "en distinguant entre les situations individuelles, dans le plein respect du droit international et sans créer de facteur d'appel".
Sur le territoire de l'UE, ils soulignent que les personnes secourues, conformément au droit international, devraient être prises en charge sur "la base d' un effort partagé, par un transfert dans des centres contrôlés établis dans des États membres, uniquement sur une base volontaire, où un traitement rapide et sûr permettrait, avec le soutien total de l'UE, de distinguer les migrants en situation irrégulière, qui feront l'objet d'un retour, des personnes ayant besoin d'une protection internationale, auxquelles le principe de solidarité s'appliquerait".
Le Conseil européen convient, en outre, de lancer la deuxième tranche de la facilité en faveur des réfugiés en Turquie et, dans le même temps, de transférer 500 millions d'euros de la réserve du Fonds européen de développement (FED) vers le fonds fiduciaire de l'UE pour l'Afrique, tout en invitant les États membres à contribuer davantage à ce dernier fonds en vue de son réapprovisionnement.
"Pour s'attaquer au cœur du problème migratoire, il est nécessaire de mettre en place un partenariat avec l'Afrique visant une transformation socioéconomique substantielle du continent africain, reposant sur les principes et objectifs tels qu'ils sont définis par les pays africains dans leur agenda 2063", souligne le Conseil européen, qui appelle l'Union européenne et ses États membres à se montrer "à la hauteur de ce défi".■