La pénurie des professionnels de santé, notamment des médecins, demeure l'une des préoccupations majeures du gouvernement Akhannouch, particulièrement dans un contexte de réforme profonde du système de santé.
Selon les données divulguées par le département d’Ait Taleb, le Maroc a besoin de 97.000 professionnels de santé, dont 32.000 médecins et 65.000 infirmiers. Des chiffres qui, selon la Cour des comptes, ne tarderont pas à grimper si les mesures nécessaires ne sont pas prises. D'après cette même source, le déficit en médecins pourrait atteindre 53.000 d'ici 2035, ce qui va incontestablement peser lourdement sur la qualité des soins dispensés à la population.
Dans une interview accordée à Finances News Hebdo, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, a souligné l'impératif absolu de disposer d'un nombre suffisant de ressources humaines pour répondre aux besoins des citoyens.
«Nous sommes aujourd’hui en deçà des ratios, avec un gap important en termes de manques. Évidemment, il n’est pas facile de former rapidement ces professionnels de santé. C’est pour cela que nous avons vu avec le chef du gouvernement pour que l’on prenne certaines décisions par rapport à cet état de fait», a-t-il expliqué.
En vue remédier à cette problématique, la tutelle a en effet déployé une série de mesures. Il s’agit entre autres de l’accroissement du nombre de sièges pédagogiques dans l’ensemble des facultés de médecine et de pharmacie du Royaume.
Intervenant lundi 5 février 2024 devant la Chambre des représentants, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a souligné que l’exécutif ambitionne d’augmenter le nombre des diplômés des métiers de santé de 6.321 en 2022 à 13.700 en 2025, puis à 21.580 en 2030. Akhannouch a également relevé que le gouvernement table sur l'atteinte d'un taux cumulé des professionnels de santé de près de 94.000 en 2025 et de plus de 177.000 en 2030.
Cependant, selon Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé, l’accroissement du nombre d’étudiants doit obligatoirement être associé à d’autres solutions.
«Il s’agit certainement d’une porte d’entrée pour pallier le manque de ressources humaines en santé. En revanche, si l’on se contente d’augmenter le nombre d’étudiants, le problème ne pourra pas être résolu, puisque 30 à 40% des lauréats des facultés de médecine choisissent de quitter le Royaume pour aller exercer leur profession à l’étranger».
Pour le praticien, résoudre le problème de fuite des médecins contribuera grandement à contrer la pénurie. «Malheureusement, si l’on n’arrive pas à réduire ou freiner l’exode des médecins, les départs vont continuer d’augmenter. Certes, il faut former plus de médecins mais il faut surtout savoir les retenir, et pour cela, il faut rendre la pratique de la médecine au Maroc plus attractive que ce soit dans le public ou dans le privé», insiste-t-il.