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Les ravages des drogues au Maroc : L’Afrique, la plaque tournante

Les ravages des drogues au Maroc : L’Afrique, la plaque tournante

Selon tous les observateurs marocains, y compris les forces de police qui réalisent un travail considérable en matière de lutte contre le trafic des stupéfiants, tout le monde s’accorde aujourd'hui à dire que le phénomène du trafic des drogues est loin d’être en régression.

 

Par Abdelhak Najib 

Au contraire, il connaît une montée en flèche qui génère chaque année des millions de dirhams à des organisations où l'on peut inclure et les trafiquants de passage qui font le troc de marchandises au Maroc, et la drogue qui entre chaque semaine de Sebta et Melilla. Et ce, sans compter le rôle joué par quelques émigrés qui utilisent la carte de l'aller-retour, cocaïne-haschich, entre le Maroc et l'Europe. 

D'ailleurs, selon plusieurs sources spécialisées, il apparaîtrait qu'une bonne partie de la blanche écoulée sur le marché marocain provient de différents circuits incluant la Hollande comme première base d'expédition. A cela, il faut ajouter les drogues dures qui pénètrent à partir du Sud en provenance de pays africains, notamment l'Afrique du Sud considérée ces cinq dernières années comme le principal convoyeur de la blanche dans le continent et une plaque tournante pour le négoce des drogues entre l’Afrique, l’Asie et le Moyen-Orient. 

En effet, il est clair aujourd’hui que l’Afrique a gagné sa place de grande place forte dans le trafic de la blanche après les années soixante-dix et les premières guerres civiles qui ont porté à la tête de nombreux pays des individus de mèche avec des trafiquants de diamants, de drogues et d'armes. L'Afrique a commencé dans le commerce des drogues en profitant des défaillances et des faiblesses des moyens de protection des aéroports, ports et autres frontières par lesquelles transitent tous types de marchandises.

L'autre aspect qui a favorisé cette prolifération du trafic reste toujours le facteur humain très bon marché. C'est ce qu'on appelle dans le jargon les mules, sorte de passeurs tout terrain, passés maîtres dans l'art de la dissimulation et des fuites. La cocaïne vient directement de cartels latino-américains qui ont été sollicités pour implanter les grandes fabriques indépendantes en étroite collaboration avec les Nigérians et les Ghanéens. L'héroïne, quant à elle, provient d'Asie du Sud-Est. C'est à cette même époque que la route de passage de l'héroïne du Sud-Est asiatique et la cocaïne de l'Amérique du Sud transitant par l'Afrique a été ouverte vers les Etats-Unis dont le marché est friand. Et l'Europe qui a trouvé son compte en achetant à grande échelle une marchandise qui revenait moins cher aux négociants.

Selon le rapport mondial sur les drogues 2022, les données liées aux saisies indiquent qu'en Afrique, le trafic de cocaïne, entre autres, est en augmentation constante. Entre 2019 et 2022, au moins 57 tonnes de cocaïne ont été interceptées en Afrique occidentale ou en transit à destination de cette région.
En 2021, 57 tonnes de cannabis ont été saisies dont une macro saisie de 17 tonnes au Niger. A titre d’exemple, selon les chiffres des autorités sénégalaises, il y a près de 10.000 toxicomanes au Sénégal, mais les derniers chiffres de prise en charge font état de plus de 24.000 personnes. D’autres sources avancent le chiffre de 50.000. Pour les observateurs, il y a quelques années, 5% à 8% de la cocaïne qui transitaient dans la région, restaient sur place, mais aujourd’hui ce chiffre est passé à 10% et 17%. Cela indique qu’il y a une base de consommateurs qui se développe au niveau régional. 

Dans ce sens, c’est la cocaïne qui a ouvert le bal de la drogue en Afrique. Les trafiquants ghanéens et nigérians ont fait figure de pionniers dans l'histoire et le Maroc devient très vite, par sa situation géographique exceptionnelle, une terre de transit de la marchandise prisée par les passeurs et négociants. La transaction ne pouvant se faire sans appui et logistique établis sur place, poussant de nombreux prétendants à s'orienter vers ce nouveau business encore méconnu de la police marocaine. Le commerce de la drogue dure fait son entrée dans le Royaume en s'organisant autour du partage et de la participation de réseaux locaux. C'est exactement dans les années 1983-84 que les nouveaux partenaires des trafiquants marocains ont entamé le cycle de la cocaïne. Un an plus tard, en 1985, éclate au Maroc la première affaire de cocaïne de toute l'histoire nationale. Le premier réseau interne tombe et il s'avère qu'il est constitué de jeunes Tangérois en mal d'aventure et d'addiction, des fils de notables respectés qui avaient joué un rôle en important de la blanche et en essayant de la redistribuer sur le marché local. Dès lors, sans prévenir, d'autres individus ont profité du grossissement du marché africain qui avait trouvé le filon de l'héroïne à partir de 1987. La suite, on la connaît. Une réelle invasion de toutes les substances qui ont occasionné des dégâts terribles dans plusieurs pays africains, y compris le Maroc. 

Selon l’ONUDC, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, en 2008, environ la moitié de la cocaïne produite en Amérique du Sud allait vers l’Europe à travers l’Afrique de l’Ouest et l’autre moitié allait vers le Nord. Aujourd’hui, on a un renforcement des routes côtières comme le montrent les saisies sur ces vingt derniers mois. Sur cette période, les autorités ont saisi 11 tonnes au Cap-Vert, 5 tonnes au Sénégal, 4 tonnes au Bénin, 3 tonnes en Gambie, 2,7 tonnes en Guinée-Bissau et presque 2 tonnes en Côte d’Ivoire. Il y a donc eu 47 tonnes de cocaïne saisies, un chiffre qu’il faudrait peut-être multiplier par 20 ou plus pour avoir une idée des volumes réels en transit entre l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest.

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