Ça grogne dans quelques régions pour avoir accès aux mosquées. Avec cet objectif de passer la nuit à prier les Tarawih, par milliers, les uns sur les autres, en rangs compacts, dans la promiscuité, sans masque, sans distance de sécurité, sans aucune mesure ni précaution sanitaire dignes de ce nom.
C’est en somme le résumé de la colère de certains de nos concitoyens qui se sentent investis d’une mission religieuse : faire fi de la maladie et sombrer dans le fatalisme le plus basique au nom d’une certaine idée de la rédemption. Cela porte un nom, mes chers compatriotes : l’élan vers le pire. On le comprend bien, quand on est fidèle, l’enceinte d’une mosquée est un sanctuaire empreint de sacralité revêtant l’aspect rituel d’un lieu de culte qui donne toute sa mesure à l’acte de rencontrer Dieu.
Mais il y a un hic : dans l’air circule un méchant virus qui, lui, ne fait aucune distinction entre un lieu saint ou un hammam ni encore une salle de sport. Autrement dit, ce vilain virus va là où il y a des humains en grand nombre pour attaquer en salve groupée. C’est l’une de ses tactiques et de ses stratégies de faire le plus grand nombre de victimes. C’est pour cette unique raison que les autorités ont interdit les rassemblements dans les mosquées pour faire la prière. C’est uniquement pour limiter les risques et sauver des vies.
Et ce n’est pas parce que les autres pays n’ont pas pris les mêmes mesures qu’ils ont raison. Au contraire, c’est cette exception marocaine qui fait notre force. Nous ne sommes pas obligés de faire comme les autres au nom de leur manière de voir la religion : «Sehhat al Abdane 9ablan min Sehhat al Adyane», nous dit le principe musulman justement. Parce qu’un corps social en bonne santé peut faire face à tous les dangers et à toutes les crises.
Alors, cette histoire de prier peut se faire chez soi, avec les siens, en se protégeant et en évitant le pire. Pourquoi ce besoin impérieux d’aller tenter le diable dans une mosquée pour des «Nawafil», qui ne sont pas une obligation. Sans oublier que les «Tarawih» dans la tradition islamique se priaient à la maison, ce qui donne à la demeure ce caractère sacré d’un lieu de prière qui doit s’élever au rang du sanctuaire aussi