Les smartphones et les réseaux sociaux ont révolutionné le monde. Et profondément changé nos vies. En bien ou mal ? C’est selon. En tout cas, ce qui s’est passé jeudi à Marrakech, notamment l’assassinat d’une personne dans un café, témoigne, si besoin est, que ces nouvelles technologies ont pour le moins tendance à nous déshumaniser.
Aujourd’hui, face à des drames qui se jouent devant elles, certaines personnes préfèrent se livrer à un voyeurisme obscène, estimant plus utile de s’accrocher à leurs smartphones pour distiller des images choquantes sur les réseaux que de porter secours à des victimes. C’est ce qui s’est passé hier à Marrakech. A peine le drame a-t-il eu lieu, que des images atroces se sont propagées sur le Net de façon virale. Sans aucune forme de décence. Devant des blessés et un corps encore chaud, on filmait la barbarie.
Au mépris des victimes et de leur famille qui, certainement, ont découvert avec effarement qu’un de leur proche a été blessé ou est tombé sous les balles. Au mépris de la compassion que nous devons tous avoir face à cette tragédie.
Entre l’être humain et l’animal, il y a la différence de la conscience de soi-même, dit-on. Cette conscience qui nous rend responsables. Cette conscience qui nous donne le sens du discernement. Cette conscience qui doit nous pousser à avoir le sens de la mesure.
Malheureusement, ce détachement et cette désinvolture face à certaines scènes violentes, nous sommes désormais condamnés à vivre avec. C’est le revers de ce que nous offrent les nouvelles technologies.
Et cela n’épargne personne, même notre très cher chef de gouvernement qui, dans un tweet et sur Facebook jeudi soir, a affirmé que les auteurs de la fusillade de Marrakech ont été arrêtés, avant de se dédire quelques minutes plus tard. Pour quelqu’un de son rang, qui a de surcroît accès à toute l’information qu’il souhaite, cet impair est pour le moins impardonnable.■
D. W.