Ph : Mahmoud Abbas
Avec l’invasion terrestre de la bande de Gaza et la mort de plus de 10.000 Palestiniens, l’Autorité palestinienne est mise KO.
Un mois après le début de la guerre, les responsables de l’AP sont hors-jeu. Ils brillent par leur absence, et quand ils font des apparitions, c’est pour recycler des slogans vieillots du temps de Yasser Arafat, avec toujours la même littérature sur le combat et la lutte pour la libération de la Palestine.
Des discours en parfait décalage avec les réalités du terrain aujourd’hui, face à l’armée israélienne qui tue à tour de bras, tout en évacuant des centaines de milliers de Gazaouis.
En effet, avec les scissions entre factions rivales, Mahmoud Abbas, qui a déjà montré toutes ses limites, est désarçonné comme lors de la rencontre avec le président français, Emmanuel Macron.
«Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression», a-t-il dit, appelant à la mise en place «d’une coalition internationale pour la paix» et à la tenue d’une «conférence de paix internationale».
Avant cela, le 16 octobre 2023, dans une déclaration publiée par l'agence officielle palestinienne, Mahmoud Abbas affirmait que "les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien".
Des propos qui ont suscité des réactions indignées, avant d'être retirés.
Ce qui a porté un coup à la popularité déjà très fragilisée du chef de l’Autorité palestinienne.
Selon une enquête d'opinion publiée en septembre par le Palestinian Center for Policy and Survey Research avant la guerre, 78% des Palestiniens étaient favorables à une démission de Mahmoud Abbas, qui a aujourd’hui 88 ans.
Au pouvoir depuis 2005, son Autorité ne s'exerce que sur des portions de la Cisjordanie, après avoir été délogé de la bande de Gaza en 2007 par le Hamas.
Ce sondage a également montré que 58% des personnes interrogées étaient favorables à la "lutte armée" pour mettre fin à l'occupation israélienne, contre 20% pour un règlement négocié et 24% pour une "résistance pacifique".
Dans ce contexte, coincé de toutes part, entre les pressions de Washington et le désaveu des populations palestiniennes, Mahmoud Abbas est strictement paralysé.
Ce qui explique son inaction très critiquée par une majorité de Palestiniens qui lui reprochent de ne rien savoir des réalités à Gaza, puisqu’il vit en Cisjordanie.
Cette division entre Gaza et la Cisjordanie fait le lit de la politique de Benyamin Nétanyahou, qui accentue les scissions et fragilise davantage une Autorité palestinienne sans autorité aucune.
Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste