Ph. Reuters
Encore une fois, Gaza se retrouve sous les feux des projecteurs internationaux pour une énième escalade de violence. Ce mince territoire enclavé et surpeuplé, semble condamné à un cycle perpétuel de souffrance, de désespoir … et d'oubli. Pourquoi ce petit coin de terre continue-t-il à être le théâtre de tant de malheurs et d'indifférence ?
L’histoire de Gaza est celle d’un peuple pris en otage par des enjeux géopolitiques qui le dépassent. Depuis 2007, après la prise de pouvoir du Hamas, Gaza vit sous blocus israélien, un blocus qui étrangle son économie et sa société.
La vie quotidienne des Gazaouis est une lutte constante pour accéder aux besoins les plus élémentaires : eau potable, électricité, soins médicaux… Chaque nouvelle confrontation entre Israël et les groupes armés palestiniens vient aggraver une situation humanitaire déjà catastrophique.
La flambée de violence actuelle, avec les bombardements aveugles et les tirs de roquettes meurtriers de l’armée israélienne, nous rappelle que les résolutions internationales, les promesses de paix et les négociations ne sont souvent que des mots creux.
Les civils, eux, paient le prix fort. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé du Hamas, plus de 35.300 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis le début de la guerre le 7 octobre.
De même, tout Gaza est en ruines et des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, vivant dans des conditions déplorables.
Une situation que le Roi Mohammed VI a encore une fois dénoncée avec véhémence, jeudi 16 mai, dans son discours adressé au 33ème Sommet de la Ligue des Etats arabes, tenu au Bahreïn.
«Les actes de représailles perpétrés dans la bande de Gaza ont révélé de graves violations qui vont à l’encontre des dispositions du droit international et du droit international humanitaire.
Aussi, nous réitérons notre vive condamnation du meurtre d’innocents. Nous réaffirmons également que le fait d’imposer une réalité nouvelle dans la bande de Gaza et les tentatives de déplacement forcé des Palestiniens sont inacceptables, car ils ne font qu’aggraver la situation et générer plus de violence et d’instabilité», a affirmé le Souverain.
À chaque escalade, c'est la même histoire tragique qui se répète. Et l’indignation internationale suit toujours le même schéma : cris d’alarme, appels au calme, déclarations de bonnes intentions, puis... le silence. Ce silence assourdissant de la communauté internationale et des médias, qui se détournent bien trop vite, laissant Gaza sombrer à nouveau dans l'oubli, jusqu'à la prochaine explosion de violence. Ce silence est complice de la souffrance continue des Palestiniens.
La solution à deux Etats : Un rêve brisé
Pourtant, il existe une solution connue depuis longtemps : la solution à deux États.
Cette vision, largement soutenue par la communauté internationale, prévoit la création d'un État palestinien indépendant, avec Al-Qods orientale (Jérusalem-Est) comme capitale, vivant côte à côte avec Israël dans la paix et la sécurité.
Elle est également fermement défendue par le Maroc. «Nous réaffirmons notre soutien constant au peuple palestinien frère pour recouvrer ses droits légitimes et établir son Etat indépendant et souverain, sur les frontières du 4 juin 1967, avec Al-Qods-Est pour capitale, sur la base de la solution à deux Etats», a relevé le Roi dans son discours.
Mais cette solution semble plus lointaine que jamais, notamment en raison de l'opposition persistante du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Depuis son arrivée au pouvoir, Netanyahu a constamment rejeté l'idée d'un État palestinien souverain. Sous son gouvernement, les colonies israéliennes en Cisjordanie ont continué de s'étendre, rendant de plus en plus difficile la création d'un territoire palestinien viable et contigu.
Les plans d'annexion, les démolitions de maisons palestiniennes et les mesures punitives contre les Palestiniens ont sapé la confiance et alimenté la désillusion.
Netanyahou justifie son opposition à la solution à deux États par des préoccupations sécuritaires et idéologiques.
Il considère que l'établissement d'un État palestinien mettrait en péril la sécurité d'Israël et refuse de céder sur la question de Jérusalem, qu'il considère comme la capitale "éternelle et indivisible" d'Israël.
Cette position inflexible a conduit à une impasse diplomatique et a renforcé l’extrémisme des deux côtés.
Cependant, l'inaction n'est plus une option. La communauté internationale doit jouer un rôle plus actif et plus impartial pour faire avancer la solution à deux États. Il est essentiel que les grandes puissances, y compris les États-Unis, l'Union européenne et les pays arabes exercent une pression concertée sur Israël pour qu'il accepte les négociations sur la base des frontières de 1967, avec des ajustements mutuellement agréés.
La solution à deux États, bien que mise à mal, reste la voie la plus prometteuse vers une paix durable et une coexistence pacifique.
F. Ouriaghli