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Gaza : La paix en pointillé

Gaza : La paix en pointillé

Six jours sans bombardements massifs ont suffi pour révéler la dure vérité à Gaza : le silence des armes ne règle ni le deuil, ni la faim, encore moins les questions politiques.

L’accord arraché sous l’égide de Donald Trump a produit ses images fortes (otages retrouvant les leurs, bus de prisonniers palestiniens accueillis en héros, émotions partagées…), mais il a aussi mis à nu les zones d’ombre d’un lendemain encore clair-obscur. En effet, à Gaza, l’urgence humanitaire se mesure à la faim, aux maisons en ruine et à un territoire réduit à un amoncellement de débris.

La réouverture annoncée du point de passage de Rafah avec l’acheminement espéré de 600 camions est pour le moins anecdotique. Elle est nécessaire, mais très suffisante. Deux ans de guerre ont laissé un territoire dévasté, où la famine a fait des victimes dans certaines zones et où les besoins médicaux, alimentaires et logistiques sont colossaux.

C’est pourquoi l’ONU et le CICR demandent l’ouverture de tous les points de passage. A cette équation humanitaire, s’ajoute un héritage létal : les munitions non explosées disséminées dans un territoire rempli de gravats, qui compliquent toute reprise de la vie civile. Handicap International alerte sur des «risques énormes» dans un milieu urbain hyperdense, après un volume de frappes estimé à des dizaines de milliers de tonnes d’explosifs. Sur le terrain également, où Israël conserve le contrôle de plus de la moitié du territoire, l’autorité reste disputée.

Pendant que Washington évoque le «désarmement», les forces de sécurité du Hamas réapparaissent dans les rues, répriment, exécutent des «collaborateurs» présumés de Tsahal et affrontent des clans armés. Le message est limpide : l’appareil coercitif du mouvement n’a pas disparu. Pour les garants du cessez-le-feu, c’est un casse-tête, car comment exclure le Hamas de la gouvernance tout en évitant le vide sécuritaire que redoutent tant l’Egypte, Israël et l’ONU ?

Autre problème majeur : la question politique que l’on repousse sans cesse, à savoir la création d’un Etat palestinien. Tant que cette perspective demeure vague et tant que s’accélère la colonisation en Cisjordanie, une paix durable n’est pas garantie. C’est la partie difficile et délicate du Plan Trump. Il faut en effet instaurer la sécurité à Gaza, créer une administration crédible et articuler l’ensemble à une perspective politique.

Or, l’exécutif américain renvoie la discussion sur l’Etat palestinien à «plus tard», en se concentrant sur la reconstruction. Sauf que sans horizon politique, la sécurité se délite et les extrêmes regagnent du terrain. Il faut rappeler que la solution à deux Etats n’est ni un slogan ni un vœu pieux. Elle est portée par une large coalition diplomatique, rappelée récemment à l’Assemblée générale de l’ONU qui a relancé la perspective d’un Etat palestinien.

A ce titre, le Maroc, par la voix du Souverain, Président du Comité Al-Qods, rappelle sans cesse la nécessité de réaliser les droits justes et légitimes du peuple palestinien à travers «l’établissement d’un Etat indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Al-Qods Oriental comme capitale».

Pour dire que cette trêve est une étape, mais guère la finalité. Laquelle doit être unique : deux Etats vivant côte à côte dans la paix, avec Jérusalem-Est capitale de la Palestine. C’est la seule porte qui ne débouche pas sur un éternel recommencement. 

 

Par D.William

 

 

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